La police turque a tué mercredi une femme, apparemment porteuse de grenades, qui visait le quartier général de la police d'Istanbul, au lendemain d'une prise d'otage meurtrière dans un tribunal de la ville qui a placé le pays sous haute tension.
Selon le gouverneur de la plus grande ville de Turquie, cette femme et un complice ont ouvert le feu en fin d'après-midi sur le bâtiment qui abrite la direction de la police, provoquant la riposte immédiate des agents en charge de sa protection.
"Une femme terroriste a été tuée lors de cet échange, elle portait sur elle une bombe et une arme à feu", a indiqué Vasip Sahin, qui a ajouté qu'un policier avait été légèrement blessé pendant la fusillade.
Également blessé, le second assaillant a été arrêté peu après par les forces de l'ordre, selon les chaînes d'information NTV et CNN-Türk.
Les médias turcs ont précisé que la victime, dont l'identité et les motivations n'ont pas été immédiatement révélées, était porteuse de deux grenades à main.
Cette nouvelle attaque intervient moins de vingt-quatre heures après la dénouement sanglant d'une prise d'otage survenue dans un tribunal de la ville.
Après six heures de vaines négociations, la police est intervenue mardi contre deux militants armés proches d'un groupe marxiste radical qui y retenaient un magistrat et menaçaient de le tuer. Les deux preneurs d'otages été tués, ainsi que le procureur Mehmet Selim Kiraz, dans des circonstances qui restent à établir.
Mercredi matin, la police turque a lancé un important coup de filet qui a abouti à l'interpellation d'une trentaine d'étudiants à Antalya (sud), Izmir (ouest) et Eskisehir (centre), tous soupçonnés de liens avec le Parti/Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C) qui a revendiqué la prise d'otage.
Selon l'agence de presse Dogan, la police soupçonnait les personnes arrêtées de préparer des opérations similaires à celle menée au palais de justice d'Istanbul.
Interrogé par Dogan, un avocat des étudiants arrêtés à Antalya a démenti ces allégations.
- "Un héros" -
Considéré comme un mouvement terroriste par Ankara, le DHKP-C s'est illustré depuis le début des années 1990 par de nombreux attentats, ciblant notamment les autorités ou, en 2013, l'ambassade des Etats-Unis à Ankara.
A deux mois des élections législatives du 7 juin, le Premier ministre islamo-conservateur Ahmet Davutoglu a promis mercredi la plus extrême fermeté contre ce qu'il a qualifié d'"alliance du mal", dans laquelle il a rangé aussi bien les auteurs de l'attaque de mardi que les manifestants qui ont défié son régime dans la rue en 2013.
"Nous ne tomberons pas dans ce piège, nous ne leur sacrifierons pas ce pays () si quelqu'un manifeste le visage caché ou avec des cocktail Molotov, je le préviens, ce ne sera pas toléré !", a-t-il tonné après avoir assisté aux obsèques du procureur.
Un peu plus tôt, des centaines de magistrats et d'avocats ont rendu hommage à leur collègue dans le palais de justice où il a trouvé la mort, sous une immense banderole proclamant "Nous ne t'oublierons pas, toi notre martyr".
"C'est un héros", a lancé de son côté le président Recep Tayyip Erdogan, qui a décidé d'écourter sa visite officielle en Roumanie en raison des événements. "Il est essentiel que ceux qui croient à la démocratie se lèvent contre ces attaques", a-t-il lancé.
Le procureur Kiraz enquêtait depuis plusieurs mois sur les circonstances de la mort de Berkin Elvan, un adolescent de 15 ans décédé le 11 mars 2014 après 269 jours d'un coma provoqué par le tir d'une grenade lacrymogène de la police à Istanbul lors de la fronde antigouvernementale de juin 2013.
Selon les médias turcs, le commando qui a pris le magistrat en otage exigeait que les policiers à ses yeux responsables de la mort de Berkin Elvan fassent une "confession publique" et qu'ils soient traduits devant un "tribunal du peuple".
Aucun policier n'a pour l'heure été mis en cause dans l'enquête sur sa mort.
En mars 2014, l'annonce de son décès avait fait descendre des centaines de milliers de personnes dans les rues de Turquie. L'adolescent est devenu un symbole de la dérive autoritaire que ses adversaires reprochent à M. Erdogan.
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