Les parents d'élèves du collège d'Orgères, près de Rennes, paraissaient surpris mercredi par la suspension d'un professeur de sport poursuivi pour agression sexuelle dans sa famille, critiquant le manque de coordination entre la Justice et l'Éducation nationale.
"On n'a jamais rien su", lâche Catherine, une mère de famille qui a appris la nouvelle la veille par son fils dans cette commune de 4.000 habitants.
"J'ai découvert ça hier soir", via les médias, explique-t-elle à l'entrée de l'établissement. Le professeur d'éducation physique qui fait l'objet de cette suspension "était souvent absent", assure cette mère d'élève, qui dit n'avoir jamais été informée d'éventuels gestes déplacés de sa part.
"Aujourd'hui on se pose des questions", explique la maman, qui précise que l'enseignant encadrait aussi des ateliers de sport le midi dans ce collège situé à une quinzaine de kilomètres au sud de la capitale bretonne.
"J'ai eu des échos dès la semaine dernière", assure Fabienne, une autre mère de famille, "on m'avait dit de faire attention".
Elle regrette le "manque de cohésion entre les ministères de la Justice et l?Éducation nationale". "On se demande comment on arrive à des choses pareilles", s'inquiète-t-elle.
"C'est la moindre des choses que la Justice transmette ce genre d'informations à l?Éducation nationale", critique aussi Carine, une autre mère venue déposer son enfant devant le collège Andrée-Récipon. Elle ne comprend pas cette "non-transmission d'information".
Elle se dit "choquée" car son fils avait ce professeur, mais pas inquiète "car j'ai appris que ce qui lui est reproché, ça c'est passé dans la sphère familiale". "On a du mal à réaliser", note-t-elle.
Concernant l'enseignant, "j'avais eu des échos par rapport à une attitude dérangeante, des mots un petit peu insultants et durs à l'égard des enfants" mais "pas de gestes déplacés", assure Carine.
- "On confie nos enfants" -
Enseignante elle-même, Carine regrette ce genre de dysfonctionnement, rappelant que "l'on confie nos enfants" aux enseignants en toute confiance. Elle ne comprend pas que la justice n'ait jamais informé l?Éducation nationale de la situation.
"Je fais confiance à l'école parce que dans l'histoire sordide qui nous concerne, ça a été les seuls à la hauteur des enjeux", assure une autre mère de famille.
"Des pédophiles, on en trouve partout, pas plus ici, pas plus ailleurs. Le problème c'est que la magistrature aurait dû faire son travail et prévenir les enseignants, prévenir la direction et prévenir l'inspection académique", dénonce-t-elle.
Un père de famille explique ne pas être au courant de la situation dans le collège, qui accueille entre 600 et 700 élèves: aucune communication envers les familles n'a été faite, que ce soit par le rectorat ou le collège, affirme-t-il.
L'annonce est venue mardi d'un communiqué du rectorat de Rennes, qui a révélé la suspension immédiate d'un professeur de l'académie, mais sans préciser le nom du collège.
Le rectorat a indiqué que cette mesure avait été prise après que le procureur de la République ait porté à sa connaissance que l'enseignant avait été mis en examen pour agression sexuelle sur mineur de moins de 15 ans, dans un contexte familial.
Ce professeur avait en outre été condamné en 2006 pour détention de l'image d'un mineur présentant un caractère pornographique, selon le rectorat.
L'alerte s'est faite en application de la circulaire du 11 mars 2015, qui rappelle la nécessaire transmission par les procureurs des condamnations et procédures pénales d'un fonctionnaire à son administration.
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