Une semaine après l'interpellation d'un directeur d'école près de Lyon, écroué pour viols sur plusieurs élèves, l'Education nationale, qui affiche sa fermeté, a reçu de nouveaux signalements et a suspendu un autre enseignant près de Rennes.
"Un certain nombre de cas nous sont signalés parce que l'affaire de Villefontaine a d'une certaine façon libéré la parole, ce qui est une bonne chose", a affirmé la ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem, répondant par l'affirmative au chiffre de "quatre ou cinq" avancé par le journaliste et sans donner de détails.
"Nous ne traitons rien à la légère, nous vérifions avec le parquet", a-t-elle ajouté. Et pour le moment, un seul cas s'est avéré être une véritable condamnation. Le rectorat de Rennes a ainsi annoncé la suspension "immédiate" d'un professeur d'éducation physique et sportive, condamné en 2006 "pour détention de l'image d'un mineur présentant un caractère pornographique".
L'Education nationale a été avertie, dans ce cas-là, par une fédération de parents d'élèves, a précisé la ministre.
"L'affaire de Villefontaine n'est malheureusement pas un cas isolé", comme le prouve l'affaire de Rennes, a-t-elle reconnu. "La non-transmission par la justice des condamnations à l'Education nationale est plus fréquente que nous le pensions. C'est un vrai problème que nous devons prendre à bras le corps."
Au rectorat de Rennes, l'inspecteur d'académie Jean-Yves Bessol a précisé que le professeur enseignait au collège d'Orgères, à une quinzaine de kilomètres au sud de Rennes.
Il a souligné qu'en l'état, rien ne permettait de conclure à d'éventuelles agressions d'élèves par l'enseignant. Cet homme est en outre actuellement mis en examen pour agression sexuelle sur mineur de moins de 15 ans "dans le contexte familial".
En Moselle, un enseignant de 60 ans d'un collège de Marly a été placé en garde à vue pour des "propositions déplacées" à une élève, avant d'être remis en liberté mardi dans l'attente d'investigations complémentaires, ont indiqué des sources policière et judiciaire.
Selon la chaîne de télévision i-TELE, l'enseignant aurait transmis par courriel des photos de lui dénudé à l'une de ses élèves âgée de 14 ans. Le ministère de l'Education a précisé que l'homme avait été suspendu le 3 février par mesure conservatoire.
- Révocation 'systématique' -
Concernant le directeur de l'école primaire de Villefontaine (Isère), il fait l'objet d'une procédure de révocation définitive. Suspendu depuis son arrestation, il a été mis en examen et écroué pour viols et agressions sexuelles sur plusieurs de ses élèves de CP.
L'affaire a causé une vive indignation, car il avait été condamné en 2008 à six mois de prison avec sursis pour détention d'images pédopornographiques, une décision de justice dont l?Éducation nationale dit ne pas avoir eu connaissance. La révocation a été décidée en raison de la condamnation de 2008.
"Il est imposé aux magistrats par une circulaire que signe régulièrement la garde des Sceaux de transmettre les condamnations aux employeurs des fonctionnaires qui ont été poursuivis en justice", a rappelé Najat Vallaud-Belkacem.
Dans le cas de Villefontaine, la condamnation n'a pas été transmise à l?Éducation nationale, selon la ministre, qui a pointé à plusieurs reprises ces derniers jours "un dysfonctionnement".
Najat Vallaud-Belkacem et sa collègue de la Justice Christiane Taubira ont lancé une inspection administrative conjointe, dont les premiers résultats sont attendus le 30 avril. La rue de Grenelle a demandé que cette enquête se penche également sur le cas du professeur de l'académie de Rennes. Et les deux ministres vont réunir procureurs généraux et recteurs pour "travailler ensemble".
La révocation sera "systématique" pour "chaque individu qui aura subi une condamnation ou un délit contraire à la probité et aux m?urs, comme le prévoit la loi", a déclaré la ministre de l'Éducation.
Le directeur de l'école de Mas de la Ras, à Villefontaine (Isère), occupait ses fonctions depuis la rentrée et enseignait à une classe de CP. Neuf plaintes de parents d'élèves, concernant les cas de deux garçons et sept filles âgés de 6 à 7 ans, ont été enregistrées par la justice. Les faits se seraient déroulés entre décembre et mars.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.