Bernard Cazeneuve, le député-maire de Cherbourg, a apporté aujourd'hui son soutien aux magistrats. Il se dit solidaire du mouvement de contestation que les personnels ont entamé au tribunal de Cherbourg.
Pour l'élu, le tribunal cherbourgeois « est hélas l'illustration du manque de moyens de la justice ».
Bonus / Le communiqué de Bernard Cazeneuve, député-maire de Cherbourg, publié in extenso.
«Je comprends la colère des magistrats face à ces mises en cause répétées et je leur renouvelle mon soutien. Jouer sur l’émotion que suscite légitimement le drame de Pornic pour mettre en cause les magistrats ne saurait tenir lieu de politique. Alors que chacun sait que la justice manque cruellement de moyens pour faire face à sa mission, le Gouvernement devrait s’interroger sur les raisons qui ont amené la France à être l’un des pays qui consacre le moins de moyens à sa justice plutôt que de chercher des boucs émissaires.»
Rapporté au PIB par habitant, le budget de la justice place la France au 37e rang sur 43 pays du Conseil de l’Europe. La France compte 9 juges professionnels pour 100 000 habitants contre plus de 20 en moyenne en Europe. Elle compte 3 procureurs pour 100 000 habitants contre 10 dans le reste de l’Europe.
Le tribunal de Cherbourg est hélas l’illustration du manque de moyens de la justice et de la difficulté de fonctionnement que cette situation engendre. Pendant plus d’un an, le poste de juge d’application des peines est resté vacant. Les magistrats du siège ont dû ainsi se répartir sa charge afin que, malgré cette absence, leurs décisions soient suivies d’effets.
La suppression de l’instruction à Cherbourg, la construction d’une maison d’arrêt à l’extérieur du ressort de la principale juridiction pénale du département, avec ce que cela suppose de temps perdu en transports, ne sont pas de nature à améliorer une situation que l’on devine déjà très tendue.
L’implication professionnelle des magistrats ne saurait compenser éternellement l’absence de considération et de moyens qu’accorde l’Etat français à sa Justice. Le risque est aujourd’hui de voir notre pays perdre peu à peu l’un de ses fondements démocratiques ainsi que l’un de ses régulateurs sociaux.
Au-delà de l’affront consistant à rendre les magistrats responsables d’une situation dont ils sont les victimes, chacun doit en effet avoir à l’esprit que leur mise en cause régulière par les plus hauts responsables de l’Etat n’est pas un fait anodin. L’équilibre démocratique repose sur trois pouvoirs forts et non sur la suprématie de l’un, l’exécutif, sur les deux autres, le législatif et le judiciaire.
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