Les salariés des abattoirs en difficulté AIM espèrent mardi que soient sauvés 270 des 590 emplois de l'entreprise, à l'issue d'une audience devant le tribunal de commerce de Coutances (Manche) qui s'est "très bien passée" et avant un délibéré attendu à 17h00.
"Tous les voyants sont au vert", a déclaré l'avocate des salariés Elise Brand mardi à la mi-journée, à l'issue d'une audience à huis clos devant le tribunal de commerce auquel a été soumis un projet de reprise partielle par les salariés.
"AIM n'est pas mort!", a lancé un homme parmi la centaine de salariés qui attendaient l'issue de l'audience dans un vent froid depuis plus de deux heures, maintenus à l'écart par une double rangée de barrières et des CRS. Les salariés, qui craignaient une liquidation totale, attendent que leur sort soit fixé depuis le placement en redressement judiciaire le 6 janvier. Il s'agissait mardi de la sixième audience sur leur entreprise.
"Tous les intervenants ont émis un avis favorable", a confirmé l'expert Serge Renaudin, juge au tribunal de commerce de Dieppe, qui a aidé les salariés à monter leur projet de reprise de l'abattoir principal d'AIM à Sainte-Cécile (Manche).
Le tribunal a examiné mardi matin ce projet de société par actions simplifiée (SAS), majoritairement détenue par les salariés, qui reprendrait 206 des 357 salariés de l'abattoir porcin de Sainte-Cécile.
Il doit rendre sa décision à 17h00 sur les deux seules offres dont fait l'objet AIM: la SAS, et celle du groupe breton Chapin-Monfort (220 salariés), qui a été examinée le 19 mars par le tribunal, et qui propose de reprendre 70 des 179 salariés d'un autre abattoir d'AIM (bovins), à Antrain (Ille-et-Vilaine).
"On s'est battus comme des chiens. Tout le monde est fier de vous. Le juge commissaire à l'audience en pleurait", a témoigné Me Brand. "Si ça pouvait être partout comme ça, il n'y aurait pas 5 millions de chômeurs en France", a-t-elle ajouté.
- L'Etat apporte 2,5 millions -
Chantal Puillandre, elle, est certes "soulagée", même si elle n'est "pas à l'abri" car elle ne sait pas si elle fera partie de ceux qui garderont leur emploi. Mais elle est aussi amère. "C'est quand même pas normal qu'il faille se battre à ce point-là pour sauver des emplois en France. Rien n'est fait contre le chômage", a déclaré à l'AFP cette femme qui travaille depuis huit ans à Sainte-Cécile, avant d'éclater en sanglots.
"Les salariés ont travaillé sans relâche jour et nuit" depuis trois semaines sur leur projet de SAS, avant d'apprendre jeudi, la veille d'une première audience où ils devaient présenter leur projet, que l'Etat n'avait pas garanti son aide, a rappelé Elise Brand. L'Etat a finalement accordé samedi après-midi un prêt de 2,5 millions d'euros pour la SAS, en plus de 2 millions d'euros mis sur la table par une société d'économie mixte (SEM) regroupant la région Basse-Normandie et le département de la Manche.
Ils étaient d'autant plus "à bout de nerfs" que leur société a connu ces derniers mois deux projets de reprise partielle déposés puis retirés.
"On est très contents car notre abattoir va continuer à tourner alors que la concurrence voulait absolument le voir fermer", explique Dominique Lemardeley, chez AIM depuis 25 ans. "Mais on est inquiets aussi car on ne sait pas si on est dans le lot" de ceux qui seront repris, ajoute ce père de cinq enfants.
AIM est l'un des derniers abattoirs indépendants de la grande distribution. Créée en 1956 et rachetée en 2003 par Cap 50, l'entreprise est détenue majoritairement par cette coopérative d'éleveurs de porcs. Elle a réalisé un chiffre d'affaires de 246,7 millions d'euros en 2013.
La société possède aussi des antennes à Dangy, Saint-Lô (Manche), Bernay (Eure) et Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir), sans offre de reprise.
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