Les Nigérians, qui ont voté en masse et calmement ce week-end, attendaient lundi le résultat d'une présidentielle très disputée, dont les premiers résultats partiels publiés sont très serrés entre le président sortant Goodluck Jonathan et son principal rival Muhammadu Buhari.
Selon ces premiers résultats dans huit des 36 Etats nigérians et dans la capitale fédérale, annoncés lundi après-midi par des délégués de la Commission électorale indépendante (Inec), M. Buhari est pour l'instant donné vainqueur dans cinq Etats, M. Jonathan remportant le scrutin dans trois autres et dans la capitale fédérale.
M. Jonathan bénéficie cependant d'une légère avance en nombre de suffrages exprimés --moins de 20.000 voix pour l'instant. D'autres résultats doivent être annoncés à 19H00 GMT.
Au Nigeria, le vainqueur doit obtenir, outre la majorité des suffrages exprimés, au moins 25% des voix dans les deux tiers des 36 Etats de la fédération auxquels s'ajoute le territoire de la capitale fédérale, Abuja.
La tension monte dans l'attente des résultats de la course à la présidence, qui oppose le chef de l'Etat sortant, Goodluck Jonathan, 57 ans, à l'ancien général Muhammadu Buhari, 72 ans, candidat du Congrès progressiste (APC, une coalition d'opposition). L'issue s'annonce comme la plus serrée de l'histoire du pays le plus peuplé d'Afrique.
En marge des négociations sur le programme nucléaire iranien à Lausanne, le secrétaire d'Etat américain John Kerry et le secrétaire au Foreign Office britannique Philip Hammond ont estimé qu'il n'y a pas "eu pour le moment de manipulation systématique du processus" électoral au Nigeria, mais ont fait état d'"indications inquiétantes que le processus de rassemblement des votes - pour être comptés - peut être sujet à des interférences politiques délibérées".
Ces craintes sont "sans fondement" et "il n'y aucune preuve d'interférence politique", a rétorqué très rapidement l'Inec.
Face aux risques de violences postélectorales, l'Union africaine (UA) a appelé, dans un communiqué, à recourir "aux moyens légaux existants au cas où il y aurait contestation des résultats" de ces élections, qui ont, selon elle, respecté "les principes continentaux des élections démocratiques".
Le Nigeria, première économie du continent, qui compte 69 millions d'électeurs inscrits sur 173 millions d'habitants, a voté ce week-end pour élire, outre le président, les 109 sénateurs et les 360 députés du pays que compte le Parlement.
Pour la première fois, les électeurs étaient identifiés par des lecteurs d'empreintes digitales, censés prévenir les fraudes des scrutins précédents. Les Nigérians se sont mobilisés massivement pour voter samedi. Mais 348 bureaux, sur 150.000, ont dû rouvrir dimanche à cause de problèmes de machines biométriques ou d'acheminement du matériel électoral, selon l'Inec.
Pour l'UA, "les processus d'accréditation (identification biométrique des électeurs), de vote et de comptage (des bulletins) ont généralement été transparents".
Un satisfecit également exprimé par l'ONG nigériane Transition Monitoring Group (TMG), ainsi que par l'Institut démocratique national (NDI), basé à Washington.
- Craintes de violences postélectorales -
Des violences sont redoutées à l'annonce des résultats, comme lors de la présidentielle de 2011 où près d'un millier de personnes avaient été tuées.
De premiers incidents se sont produits dimanche à Port-Harcourt, la capitale de l'Etat-clé pétrolifère de Rivers (sud): des milliers de partisans de l'APC ont convergé vers les bureaux locaux de l'Inec, qu'ils accusent d'avoir falsifié le scrutin au profit du parti présidentiel PDP.
Lundi matin, 2.000 militantes de l'APC, réunies à nouveau devant l'Inec à Port-Harcourt pour réclamer la tenue de nouvelles élections, ont été dispersées à coup de gaz lacrymogène.
Le président de l'Inec, Attahiru Jega a promis qu'il examinerait toutes les plaintes, poursuivant son objectif de mener à son terme un scrutin "libre, juste et crédible, dans le calme".
A Kaduna, grande ville du centre du Nigeria submergée par les violences entre chrétiens et musulmans en 2011, "les gens ont peur", confie une commerçante, Elizabeth Anthony. A l'époque, plusieurs centaines de chrétiens avaient été tués après que le candidat musulman, l'ex-général Muhammadu Buhari, avait été déclaré perdant face au chrétien Goodluck Jonathan.
Dimanche durant le dépouillement, les deux camps clamaient déjà sur les réseaux sociaux avoir remporté telle ou telle circonscription.
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