La droite a remporté une large victoire au second tour des départementales dimanche, en contrôlant désormais environ deux départements sur trois, face à une gauche qui enregistre un quatrième revers d'ampleur en un an et un FN qui n'a finalement remporté aucun exécutif.
Ce scrutin marque donc une quatrième défaite consécutive de l'exécutif pour un scrutin intermédiaire, après les municipales, européennes, sénatoriales et avant le dernier test pré-présidentielle de 2017, celui des régionales en décembre.
La droite l'emporterait largement avec 65 à 71 départements, contre 27 à 35 pour la gauche, selon les projections d'Ipsos, Ifop et CSA. Le FN, s'il est un acteur incontournable et plaçait ses principaux espoirs dans le Vaucluse et l'Aisne, ne contrôlera en définitive aucun département, a reconnu son vice-président Florian Philippot.
Jusqu'à présent, la gauche détenait 61 départements et la droite 40.
Cela ramène la gauche, qui détenait une majorité de départements depuis 2004, à des niveaux proches des scrutins cantonaux de 1992 (23 départements), 1994 (24) voire de 1988 (29). Le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis y voit "un recul d'implantation sans être une débâcle".
Au total, la droite remporterait de 1.125 à 1.155 cantons (sur 2.054), contre 746 à 776 à la gauche et 44 à 54 au Front national, selon une projection CSA.
Symbole de la défaite, même si elle était plutôt attendue: la Corrèze, terre d'élection du président Hollande, a basculé à droite. Celle-ci conquiert également le Nord et la Seine-Maritime, autres terres symboliques de la gauche, mais aussi l'Essonne, la Seine-et-Marne, les Deux-Sèvres, la Charente, le Doubs, le Jura, le Territoire-de-Belfort, les Pyrénées-Atlantiques, la Drôme, la Saône-et-Loire, l'Isère, l'Oise, le Cher, l'Indre-et-Loire, l'Aisne et les Côtes-d'Armor. La gauche se concentre dans ses terres historiques du Sud-Ouest.
Quant au Parti communiste, il perd l'Allier et conserve le seul Val-de-Marne. La Lozère, en revanche, a basculé à gauche.
Depuis Matignon, Manuel Valls a rapidement reconnu une victoire "incontestable" de la droite républicaine et le "net recul" d'une gauche "trop dispersée". Le Premier ministre, qui a mené la campagne contre le "danger mortel" du FN, a déploré ses scores "beaucoup trop élevés", y voyant "la marque d'un bouleversement durable de notre paysage politique".
- Troisième tour jeudi -
"Jamais notre famille politique n'avait gagné autant de départements", a assuré le président de l'UMP Nicolas Sarkozy, analysant le scrutin comme "un désaveu sans appel" du gouvernement.
Pour son rival en vue de 2017, Alain Juppé, ce résultat est "une victoire de la stratégie d'alliance UMP-UDI-MoDem" qu'il prône. Le "choix" d'"additionner les différences" entre l'UDI et l'UMP permet de "construire" l'alternance, a renchéri le patron de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde. Reste à "construire" un vote "d'adhésion" en faveur de l'opposition, selon le président du MoDem François Bayrou.
Marine Le Pen s'est quant à elle félicitée d'une "forte augmentation des scores" du FN dans les départements, "étape cruciale sur le chemin du pouvoir", faute de pouvoir annoncer le gain d'un département.
Elle a dénoncé la "campagne amère" et le "mépris de classe" du Premier ministre dont elle n'a pas demandé la démission car, dit-elle, "les petits politiciens médiocres s'accrochent".
Une des leçons du 1er tour dimanche dernier avait été la confirmation d'un avènement du tripartisme en France, avec un FN à un nouveau sommet de 25,2%, dans les talons de l'UMP-UDI (28,7%) et du PS (21,5% aux binômes comptant au moins un socialiste).
Ce deuxième tour sera suivi d'un troisième jeudi, lorsque les conseillers départementaux fraîchement élus désigneront les présidents des départements, un processus épineux là où les majorités sont relatives.
Sur un plan national, contrairement aux municipales, où il avait dû se séparer de Jean-Marc Ayrault, François Hollande n'entend pas cette fois-ci tirer de fortes conséquences politiques. "On ne peut pas remanier à chaque défaite", ironise un de ses proches.
Un remaniement, qui ferait entrer au gouvernement écologistes et frondeurs afin de ressouder la gauche en vue des régionales de décembre et de la présidentielle, semble donc exclu dans l'immédiat. D'autant que le président, convaincu d'une prochaine embellie économique, n'entend pas changer le "cap" de sa politique.
"Notre gouvernement redoublera d'énergie avec comme priorité l'emploi, l'emploi, l'emploi", a promis Manuel Valls.
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