Quelque 300 bureaux de vote ont rouvert dimanche au Nigeria, au lendemain d'une première journée marquée par de nombreux problèmes techniques, mais aussi par une forte participation à la présidentielle la plus serrée de l'histoire du pays.
Au même moment, deux avions de chasse de l'armée nigériane pilonnaient des positions du groupe islamiste Boko Haram dans l'Etat de Bauchi, dans le nord-est du pays, région où huit personnes ont été tuées, des bureaux de vote et du matériel électoral détruits lors d'une série d'attaques attribuées aux insurgés samedi et dimanche.
Selon la Commission électorale indépendante (Inec), l'enregistrement des électeurs, un préalable au vote, devait reprendre dans ces 300 bureaux --sur 150.000 dans tout le Nigeria-- où les lecteurs de cartes électorales biométriques, utilisés pour la toute première fois au Nigeria, n'ont pas fonctionné samedi.
Au total, quelque 69 millions d'électeurs - sur les 173 millions d'habitants du Nigeria - doivent élire le président, les 109 sénateurs et les 360 députés dans le pays le plus peuplé d'Afrique, premier producteur de pétrole et première puissance économique du continent.
Les opérations de vote se sont poursuivies jusque tard dans la soirée samedi dans certains bureaux.
Et nullement découragés par les très longues heures d'attente, de très nombreux électeurs enthousiastes et vigilants ont tenu à rester, après avoir voté, pour assister au dépouillement, qui s'est parfois fait à la lueur des lampes de poches et des téléphones portables, dans un pays privé d'électricité plusieurs heures par jour.
Le porte-parole du gouvernement Mike Omeri a fait état d'un "taux de participation record", sans toutefois donner de chiffre. Cette participation représente "un triomphe pour la démocratie" malgré les problèmes logistiques, a-t-il estimé.
-"Pas d'entourloupes" -
Le Congrès progressiste (APC) de l'ancien général Muhammadu Buhari, principal adversaire du président sortant Goodluck Jonathan à la présidentielle, a défendu le nouveau système d'enregistrement biométrique des électeurs durant toute la campagne électorale, considérant qu'il permettrait d'éviter les fraudes électorales, fréquentes au Nigeria.
Mais le Parti démocratique populaire (PDP) de M. Jonathan y est opposé depuis le début, et a souvent répété qu'il était trop risqué de l'expérimenter pour la première fois pour un scrutin de cette importance.
Le PDP a considéré samedi soir que le cafouillage dû aux avaries techniques était "une source de honte énorme au niveau national".
M. Buhari, qui a voté samedi après-midi dans son fief de Daura, en plein nord musulman, a dénoncé "toutes ces pensées négatives sur l'élection nigériane (qui) n'ont pas lieu d'être, cinq Etats au maximum ayant été affectés" par les dysfonctionnements.
Dans ce scrutin serré, les deux candidats étant donnés très proches par les commentateurs, la question des défaillances de l'enregistrement des électeurs devrait alimenter de nombreuses polémiques.
Même si Attahiru Jega, le président de l'Inec, s'est voulu rassurant, minimisant l'étendue des dégâts techniques et affirmant sur la chaîne Channels, samedi soir, que ces couacs "n'affecteront pas le résultat de la présidentielle".
Au moment où le dépouillement se poursuivait dimanche dans les centres où les opérations de vote ont déjà pris fin, les deux camps clamaient déjà sur les réseaux sociaux avoir remporté telle ou telle circonscription.
"Il ne doit y avoir aucune entourloupe" a prévenu Lai Mohammed, le porte-parole de l'APC, dans un communiqué.
A Lagos, la capitale économique, plusieurs bureaux de votes étaient ouverts. "Nous avons eu des problèmes hier avec les lecteurs de cartes, mais aujourd'hui ça fonctionne", a assuré à l'AFP un assesseur du district de Kosofe.
A Maiduguri, dans l'Etat de Borno (nord-est), où de nombreuses personnes déplacées en raison des attaques de Boko Haram doivent voter, neuf bureaux de vote sont encore ouverts, mais les opérations de vote auront pris fin dimanche soir, a assuré le porte-parole local de l'Inec, Tommy Magbuin.
Les résultats définitifs sont attendus 48h après la fermeture du dernier bureau de vote, en théorie.
Pour éviter un second tour, le vainqueur doit obtenir le plus grand nombre de suffrage exprimés et 25% des voix dans deux tiers des Etats de la fédération.
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