Des dizaines de milliers de personnes ont bravé la pluie battante dimanche pour rendre un dernier hommage à Lee Kuan Yew, père fondateur du Singapour moderne et principal artisan de la métamorphose de la cité-Etat en l'une des économies les plus florissantes d'Asie.
Des familles entières se sont massées sur le parcours emprunté par le cortège funèbre à l'occasion de grandioses funérailles publiques auxquelles étaient invités de nombreux chefs d'Etat étrangers. Des gens étaient en pleurs, d'autres scandaient le nom de l'ancien Premier ministre, d'autres encore lançaient des fleurs au passage du convoi.
L'homme qui a régné d'une main de fer sur Singapour pendant 31 ans, est décédé lundi à 91 ans après des semaines d'hospitalisation pour une pneumonie aiguë.
Premier chef du gouvernement de Singapour en 1959, année où la cité-Etat s'est affranchie de la tutelle britannique, Lee Kuan Yew a connu une longévité exceptionnelle à ce poste qu'il a occupé jusqu'en 1990. A cette date, il a cédé la place à son bras droit, Goh Chok Tong, lequel a à son tour transmis le pouvoir au fils de Lee Kuan Yew, Lee Hsien Loong, en 2004.
Quelque 415.000 personnes, soit plus de 10% des habitants, avaient rendu hommage au père fondateur en défilant devant son cercueil exposé au Parlement à partir de mercredi.
"Cela a été une expérience profondément émouvante", a commenté Lee Hsien Loong sur Facebook, en remerciant les habitants de Singapour pour l'hommage rendu à son père.
Le cercueil recouvert du drapeau national, entreposé dans un caisson de verre et posé sur un affût, a quitté le Parlement à la mi-journée, tiré par une Land Rover. Le cortège est passé devant les lieux emblématiques de la carrière politique de l'ancien dirigeant tandis que quatre avions de chasse sillonnaient le ciel. Vingt-et-un coups de canon ont été tirés, un honneur normalement réservé aux chefs d'Etat en exercice.
-'Moment historique'-
La cérémonie des funérailles proprement dite a débuté à 06H00 GMT à l'Université nationale de Singapour. Devait suivre une cérémonie de crémation privée.
"Nous sommes là en famille pour assister à un moment historique", a expliqué Joel Lim, un enseignant de 35 ans. "Les habitants de Singapour ne sont pas toujours d'accord sur tout. Mais dans les moments critiques, nous ne faisons plus qu'un. C'est cela Singapour et c'est cela l'héritage de M. Lee".
Parmi les personnalités invitées, figuraient l'ancien président américain Bill Clinton ainsi que l'ancien secrétaire d'Etat Henry Kissinger, un ami proche de l'ex-Premier ministre qualifié par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon de "figure légendaire en Asie".
Etaient également sur la liste le Premier ministre japonais Shinzo Abe, la présidente sud-coréenne Park Geun-Hye, le Premier ministre australien Tony Abbott, le chef du gouvernement indien Narendra Modi, le président indonésien Joko Widodo, le roi de Malaisie Sultan Abdul Halim Mu'adzam Shah et le sultan de Brunei.
L'ancienne puissance coloniale devait être représentée par le chef de la chambre basse du Parlement britannique, William Hague, ancien ministre des Affaires étrangères.
Né le 16 septembre 1923 dans une famille d'origine chinoise, Lee Kuan Yew est resté jusqu'à la fin de sa vie une personnalité politique très influente à Singapour et en Asie.
Au cours de ses trois décennies de pouvoir, Singapour a connu un spectaculaire développement économique pour devenir l'un des "tigres asiatiques". L'archipel d'un peu plus de cinq millions d'habitants est devenu un centre régional, financier et touristique, connu pour ses hautes technologies, en particulier dans le domaine de la santé.
Le Produit intérieur brut par habitant est, à 56.284 dollars, l'un des plus élevés du monde. A Singapour, 90% des habitants sont propriétaires de leur logement tandis que ses fonctionnaires grassement payés sont régulièrement classés dans le peloton de tête des employés les plus honnêtes du monde.
Mais les détracteurs de Lee Kuan Yew, un avocat formé en Grande-Bretagne, lui reprochent d'avoir géré le pays d'une main de fer, emprisonnant ou muselant ses opposants.
La liberté d'expression et de rassemblement sont toujours étroitement contrôlés dans l'archipel. Le Parti d'action populaire (PAP), cofondé par Lee Kuan Yew, a remporté chaque élection depuis 1959, et détient actuellement 80 des 87 sièges au Parlement.
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