Partagées entre "tristesse" et "incompréhension", elles ont voulu dire "plus jamais ça": un millier de personnes ont effectué samedi après-midi à Villefontaine (Isère) une marche silencieuse en soutien aux enfants victimes de viols présumés, commis par le directeur d'une école primaire de la ville.
Élus et habitants de cette commune de 18.000 âmes, à 25 km au sud-est de Lyon, sont venus à ce rassemblement "sans slogan, ni banderole", organisé par les parents d'élèves du groupe scolaire du Mas de la Ras, où se sont déroulés les faits.
Le matin, le Premier ministre Manuel Valls avait exprimé son "soutien total aux familles" dans un tweet.
"Je suis là pour ma fille, dont l'innocence est heureusement toujours intacte. Mon but, c'est de tourner la page rapidement pour elle et de faire en sorte que cela ne se reproduise plus jamais", a martelé Mohammed, un parent d'élève. Sa fille de 6 ans et demi faisait partie de la classe de l'enseignant.
"On lui faisait confiance et à travers lui, à l'école. Jusqu'à cette rumeur, aujourd'hui avérée. Cette confiance est aujourd'hui brisée. On veut savoir pourquoi ce prédateur a été laissé dans la nature. L'Éducation nationale et la justice n'ont pas fait leur travail", a-t-il ajouté, précisant avoir porté plainte.
Le cortège s'est élancé vers 15H00, dans un silence gorgé d'émotion, vers l'école primaire dirigée par ce père de famille de 45 ans, déjà condamné en 2008 pour "recel de bien provenant de la diffusion d'images d'un mineur à caractère pornographique".
Mercredi, il a été mis en examen et écroué pour "viols aggravés, agressions sexuelles sur mineurs de 15 ans, et acquisition et détention d'images pédopornographiques", 24 heures après avoir avoué aux enquêteurs.
Depuis la révélation de cette affaire lundi, les parents des élèves concernés se sont regroupés en collectif pour "s'organiser judiciairement". Et par cette marche, ils ont souhaité exprimer leur "colère". "Les CP étaient dans une bulle et s'adonnaient innocemment à un jeu machiavélique qu'il avait mis en place, entre autorité et affection. Il existait une sorte de secret entre eux. C'était un manipulateur", a témoigné Jean-Claude Cochet, directeur de l'école entre 2008 et 2014.
"On savait seulement de lui qu'il avait entretenu des rapports conflictuels avec les enseignants et les parents d'élèves partout où il était passé. Mais nous avons voulu lui donner une chance. Nous ressentons un profond sentiment de trahison", a-t-il détaillé.
-'Il a changé d'école tous les ans' -
À ce jour, neuf plaintes concernant deux garçons et sept filles de 6 à 7 ans, scolarisés dans la classe de CP du directeur, ont été enregistrées par la justice.
Mais la liste pourrait s'agrandir : depuis jeudi, les plaintes de 14 autres parents d'élèves, tous n'étant pas issus de cette école, sont en cours de recueil par les enquêteurs.
Le quadragénaire était arrivé dans l'académie de Grenoble en septembre 2008. Mais il n'avait pas exercé jusqu'en 2011, car il était en congé maladie après avoir perdu un enfant. "Quand il a repris ses fonctions, il a changé d'école tous les ans", a détaillé samedi Najat Vallaud-Belkacem dans le Parisien, pointant "un dysfonctionnement".
Vendredi soir, la ministre de l'Education nationale et son homologue de la Justice Christiane Taubira ont annoncé une "inspection administrative conjointe", dont les premiers résultats sont attendus pour le 30 avril .
De son côté, l'épouse du directeur a décrit dans la presse les "mensonges" de son mari après sa première condamnation en 2008 et a sévèrement condamné ses actes. "Comment n?ai-je ne rien pu voir en 18 années de vie commune ? [] Du coup, je me sens terriblement coupable aussi", a-t-elle affirmé, accablée.
Alertée par les familles de deux fillettes le 20 mars, la justice soupçonne le directeur d'avoir imposé "par surprise" au fond de sa classe, entre décembre et mars 2015, des fellations à au moins deux de ses élèves dans le cadre de ce qu'il appelait "un atelier du goût".
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.