Le "Centre Pompidou provisoire" de Malaga, première implantation du musée français à l'étranger, a été inauguré samedi avec l'ambition d'être un instrument de développement pour la ville andalouse et le prototype d'un concept inédit qui pourrait être décliné ailleurs.
Installé dans un bâtiment semi-enterré construit en 2013, "El Cubo", près du port de plaisance de Malaga, le "Centre Pompidou" ouvre ses portes pour cinq ans.
Après le succès d'une autre délocalisation française dans la ville de Metz (est), "c'est le début d'une belle aventure européenne pour le Centre pompidou", a souligné la ministre française de la Culture, Fleur Pellerin, lors de la cérémonie au côté du chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy.
Elle a rappelé l'Europe s'était faite "par la culture" qui a forgé ses valeurs de "liberté, de tolérance, d'ouverture, de diversité, de respect".
L'Espagne "s'engage à faire de centre un porte-drapeau de l'union de deux pays pour la diffusion de notre incomparable trésor culturel", a renchéri Mariano Rajoy, soulignant le "dynamisme" de Malaga "qui continuera d'être une rampe de lancement" de la reprise du pays.
Dans des salles blanches minimalistes tournant autour d'un puits de jour surmonté d'un cube de verre, le Centre Pompidou présente une riche sélection de ses collections: peintures, sculptures mais aussi vidéos, installations
Ce nouveau lieu culturel de la cité andalouse, dont l'agglomération compte un million d'habitants, vient enrichir la présence de plusieurs musées importants, dont le musée Picasso, le musée Carmen Thyssen consacré aux artistes du XIXe siècle, le Centre d'Art contemporain, ainsi qu'une antenne du musée russe de Saint Petersbourg, inaugurée mercredi. La ville a également misé sur le street art pour rénover un quartier déshérité rebaptisé Soho.
Ville natale de Pablo Picasso, Malaga accueille chaque année 4 millions de touristes et "a depuis quelques années une stratégie pour renforcer sa puissance culturelle. Nous voulons être une ville culturelle de première division", a dit à l'AFP le maire, Francisco de la Torre Prados.
Pour le président du Centre Pompidou, Alain Seban, l'implantation à Malaga est à la fois "un laboratoire" pour expérimenter le concept et "une vitrine" du savoir-faire du centre.
- Centre Pompidou en réduction -
"L'heure est à l'agilité parce que nous sommes dans un monde qui change très facilement et où les concours publics se réduisent", a-t-il expliqué à l'AFP. "On a tendance à accumuler les couches et à ne jamais en enlever. Avec ce concept, à l'échéance du contrat de cinq ans, il faut enlever une couche et se poser la question de savoir si on la remet", a ajouté M. Seban dont le mandat se termine le 1er avril.
L'implantation de Malaga se veut une sorte de Centre Pompidou en réduction proposant une sélection de 90 oeuvres issues de la collection parisienne (100.000 pièces) et changée tous les deux ans. Mais aussi des expositions temporaires d'une durée de trois à six mois, des manifestations ouvertes à la danse, au cinéma ou à la vidéo et des activités destinées au jeune public.
Francis Bacon, Chagall, Magritte y côtoient, entre autres, Picasso, Max Ernst, Julio Gonzalez ou Brancusi, mais aussi des artistes beaucoup plus contemporains, comme le vidéaste néerlandais Rineke Dijkstra.
La ville de Malaga a investi 7 millions d'euros pour aménager "El Cubo" et versera au Centre Pompidou entre 1 et 1,5 million d'euros de redevance chaque année pour son travail de conception des expositions et l'utilisation de son image. Le budget du centre et de 4 millions d'euros et, selon une étude commandée par la municipalité, le Centre Pompidou devrait générer quelque 20 millions d'euros de rentrées supplémentaires pour la ville, a assuré le maire.
L'expérience de Malaga va permettre de déterminer combien on pourrait avoir de centres Pompidou provisoires en même temps, "sans doute trois, peut-être quatre", a dit M. Seban. "L'idée est de pouvoir arrêter progressivement les expositions hors les murs" conçues par le centre et qui lui rapportent quelque 3,5 M d'euros par an, "et qui ont tendance à se concentrer sur les même grandes figures de l'art moderne".
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