Prier pour les défunts, soutenir les familles: des centaines de personnes ont assisté samedi à une messe organisée à la cathédrale de Digne en hommage aux victimes de l'Airbus A320 de Germanwings.
"Nous sommes plongés dans le désarroi, la tristesse, l'incompréhension, avec un sentiment d'injustice très fort." Dans son homélie prononcée devant plus de 500 fidèles, l'évêque de Digne, Jean-Philippe Nault a résumé le sentiment qui habite les paroissiens venus assister à l'office et probablement plus largement tous les habitants des Alpes-de-Haute-Provence, petit département rural devenu depuis la catastrophe, le centre de l'attention médiatique du monde entier.
A la veille du dimanche des Rameaux, les fidèles sont venus "exprimer (leur) amitié" aux proches des victimes, a affirmé Monseigneur Nault. Parmi eux de nombreuses personnes âgées, avançant parfois péniblement à l'aide d'une canne ou s'appuyant sur le bras d'une religieuse mais aussi des familles venues de toute la région. "La solidarité des Provençaux, c'est ça", souligne une fidèle, Dolorès Perez, toujours "très éprouvée" cinq jours après le crash.
"Nous avons reçu des appels de gens qui se proposaient de venir nous aider pour traduire ou simplement donner de leur temps", détaille son amie, Florence Beauquis qui travaille à la mairie de Digne.
Selon la préfecture des Alpes-de-Haute-Provence, près de 1.300 familles ont spontanément proposé d'héberger des proches des victimes venus depuis mardi, l'espace de quelques heures, se recueillir sur les lieux du drame.
C'est vers ces familles et vers les 150 victimes du crash de l'Airbus qu'ont convergé prières et pensées ce samedi matin, ont confié les paroissiens devant la cathédrale Notre-Dame-du-Bourg. Accompagnée par une amie, Jacqueline, 81 ans, s'émeut: "je suis de tout c?ur avec eux. Ce n'est pas évident de faire son deuil devant une tombe ou un cercueil alors quand il n'y a plus rien"
- Incompréhension et compassion des provençaux -
Interrogés par les nombreux journalistes venus du monde entier, les habitants expriment tous leur incompréhension et leur compassion: "Nous sommes très choqués, abasourdis par ce qui est arrivé. On a du mal à comprendre tout ça. On pense à ceux qui restent" lâchent Francis et Michèle deux habitants d'Aiglun, une commune voisine de Digne. "Ca fait chaud au c?ur", souffle comme en réponse, Roselle Lopes, qui habite Avignon et indique que sa cousine espagnole a perdu son mari dans le crash.
Au cours de la cérémonie, un texte en hommage aux victimes a été dit en espagnol et en allemand, les langues des pays ayant eu à payer le plus lourd tribut dans la catastrophe.
Dans la cathédrale, devant l'autel, 150 lumignons avaient été disposés et allumés pour rappeler "ceux que nous confions au seigneur dans la paix", a souligné l'évêque de Digne.
150 comme le nombre de passagers, de membres d'équipage mais aussi Andreas Lubitz, le copilote.
En cette matinée de recueillement, pense-t-on aussi à cet homme de 27 ans qui a volontairement précipité l'avion sur la montagne? "Aujourd'hui, je n'ai pas honte de le dire, j'ai beaucoup de haine", lâche abrupt un homme devant une caméra de télévision.
Plus nuancés, certains confient leur malaise: "Si vraiment il était dans un état second, c'est difficile de juger mais c'est vrai que c'est compliqué" de penser à lui, relèvent Jean-Paul et Anna Maurel.
Plus loin, Marie-Ange, une autre paroissienne confie: "Pour arriver un geste aussi dur, cet homme devait aller très mal". Et d'ajouter: "Mais aujourd'hui je pense surtout à sa famille".
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