La confiance des ménages en France s'est améliorée pour le deuxième mois consécutif en mars et a atteint son plus haut niveau depuis près de cinq ans, laissant présager une reprise tirée dans un premier temps par la consommation.
L'indicateur qui la synthétise gagne 1 point et atteint 93, un pic depuis novembre 2010 mais un chiffre qui reste néanmoins en dessous de sa moyenne de longue période (100), selon l'enquête mensuelle de l'Institut national de la statistique et des études économiques.
Fait le plus marquant cette fois: les ménages sont "sensiblement moins nombreux" à considérer que le chômage va augmenter. "Le solde correspondant chute de 13 points en mars et atteint son plus bas niveau depuis mai 2012" tout en restant au-dessus de sa moyenne de long terme, note l'Insee.
"Là c'est pour le coup un changement de tendance même s'il faut rester prudent. C'est pour moi la plus grosse surprise car on est très loin d'avoir une inversion durable de la courbe du chômage, qui est un indicateur retardé", commente Frederik Ducrozet, économiste chez Crédit agricole.
- Moins d'inquiétudes sur le chômage -
Cette inquiétude quelque peu apaisée sur l'emploi "est un facteur clé pour les perspectives de moyen terme", fait remarquer Dominique Barbet, économiste chez BNP Paribas. "Cela a un impact positif sur les projets de dépenses, qui s'améliorent en mars pour le quatrième mois consécutif".
Si leur opinion sur leur situation financière future reste stable par rapport à février, les ménages sont cependant en mars plus nombreux à considérer comme opportun de faire des achats importants.
En mars, les ménages sont aussi moins nombreux à anticiper une augmentation des prix avec un solde d'opinions à son plus bas niveau depuis novembre 2009, selon l'Insee.
- Désinflation et salaires en hausse -
La France se caractérise par une situation "paradoxale", un "double effet sur les revenus disponibles" car les salaires continuent en moyenne d'augmenter malgré l'inflation très faible, explique M. Ducrozet.
"Nous avons un cocktail qui ne peut pas être plus favorable de conditions extérieures, de niveau de la devise, du pétrole, des taux d'intérêt et du soutien de la Banque centrale européenne. Nous sommes dans une situation purement cyclique où avoir une reprise quels que soient nos problèmes structurels, n'est pas une surprise en soi", estime M. Ducrozet.
Les résultats de cette enquête sont "conformes à notre prévision d'une reprise économique en France, déclenchée par la consommation privée (+0,6% au premier trimestre par rapport au trimestre précédent), puis maintenue par une amélioration du marché du travail tandis qu'une hausse des exportations nettes et de l'investissement privé viendraient ajouter à la croissance sur le reste de l'année", renchérit Dominique Barbet.
Mais la confiance n'est pas encore au rendez-vous dans le secteur privé "pour que de grosses dépenses d'investissement prennent le relais", souligne toutefois M. Ducrozet.
L'investissement total a perdu 1,6% en 2014 par rapport à 2013 avec cependant une hausse de 0,7% de la part des entreprises non financières mais celui des ménages, c'est-à-dire les achats de logements, a reculé de 5,9% sur l'année.
Le moral des ménages est un indicateur positif parmi d'autres publiés ces dernières semaines, ce qui nourrit un certain optimisme du gouvernement.
"L'Insee, les instituts ont tous dit +quand on aura un niveau de croissance, autour de 1,5% c'est-à-dire en 2016, le chômage baissera+. Moi je pense que ce niveau de croissance, nous pouvons l'atteindre avant", a dit vendredi le Premier ministre Manuel Valls.
Le gouvernement table officiellement sur une croissance de 1% cette année, après 0,4% l'an dernier, puis 1,7% en 2016.
Le regain de confiance des consommateurs ne se borne pas à la France: soulignant dans une note que le moral des ménages tel que mesuré par la Commission européenne évoluait à son plus haut niveau "depuis l'été 2007", les économistes de Capital Economics jugent que "cela (augurait) bien d'une reprise de la consommation ces prochains trimestres".
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