Le copilote de Germanwings, soupçonné d'avoir provoqué délibérément la chute de l'Airbus A320 dans les Alpes françaises, a caché qu'il faisait l'objet d'un arrêt maladie le jour de l'accident, a révélé l'enquête vendredi, alors que des troubles psychiatriques semblent l'hypothèse privilégiée.
Le parquet de Düsseldorf (ouest) a annoncé que des attestations d'arrêt maladie avaient été retrouvés déchirées chez Andreas Lubitz mais, pour l'heure, aucune lettre d'adieux annonçant un acte prémédité à l'origine de la catastrophe qui a fait 150 morts.
Ces documents saisis viennent "appuyer la thèse" selon laquelle le jeune homme "a caché sa maladie à son employeur (la compagnie aérienne Germanwings, filiale à bas coûts de Lufthansa) et à son environnement professionnel", selon le parquet.
Les documents retrouvés attestent d'une "maladie existante et de traitements médicaux correspondants", a précisé le parquet, sans révéler la nature de la maladie.
Mais le quotidien Tagesspiegel affirme que le jeune homme était suivi pour dépression à l'hôpital universitaire de Düsseldorf.
Il y a six ans, alors qu'il suivait sa formation de pilote, Andreas Lubitz avait souffert d'une grave dépression, a révélé le quotidien Bild, sur la base de documents officiels auxquels il a eu accès. Le pilote, originaire de la petite ville tranquille de Montabaur, dans l'ouest de l'Allemagne, faisait l'objet d'un suivi "médical particulier et régulier" depuis lors, selon le quotidien.
Bild souligne que ces informations avaient été transmises par la Lufthansa, maison-mère de Germanwings, à l'autorité allemande de supervision du transport aérien (Luftfahrtbundesamt, LBA).
Présenté par ses proches comme sportif et "très compétent", Andreas Lubitz avait interrompu son apprentissage "pendant un certain temps" avant de l'achever normalement et d'entamer sa carrière de copilote en 2013, selon des indications fournies jeudi par le patron de la Lufthansa, Carsten Spohr.
Le dirigeant avait souligné ne pas avoir le droit d'en dire plus sur le motif de l'interruption de sa formation. Il avait insisté sur le fait qu'Andreas Lubitz avait passé avec succès tous les tests, y compris psychologiques, au moment du recrutement.
Le président allemand, Joachim Gauck, a participé dans la matinée à Haltern (ouest) à une cérémonie à la mémoire de 16 lycéens de cette ville, tués dans la catastrophe alors qu'ils revenaient d'un séjour linguistique près de Barcelone.
Très ému, M. Gauck, un ancien pasteur, a souligné qu'il était "infiniment précieux () de se soutenir" dans cette épreuve. "Dans ce genre de situation exceptionnelle, on sent qu'on vit dans une société d'êtres humains et non pas seulement d'êtres en état de fonctionnement", a-t-il insisté.
L'enquête sur le drame, dirigée par les autorités françaises, s'est étendue jeudi à l'Allemagne après les révélations sur un acte volontaire présumé à l'origine de la catastrophe, qui a notamment tué 75 Allemands, dont quatre disposaient d'une double nationalité, et 52 Espagnols, dont 4 ayant deux passeports, selon un bilan du ministère allemand des Affaires étrangères.
Vendredi, à Montabaur, dans l'Etat régional de Rhénanie-Palatinat, frontalier de la France, le domicile des parents du copilote, qui y résidait lui-même une partie du temps, était sous protection policière.
- 'Le pilote fou' -
Un camion de police était stationné devant la maison aux volets baissés, a constaté une équipe de l'AFP, tandis que les rues alentour étaient désertes, mis à part les équipes de journalistes.
Le maire de cette petite cité proprette a dit ressentir "de la compassion" pour les parents du copilote ainsi que pour les victimes et leurs proches de "cette tragédie terrible". Dans le club d'aviation voisin, un adhérent, Dieter Wagner, a souligné qu'Andreas Lubitz était "un jeune homme tout à fait normal" dont il ignorait la maladie. Il a toutefois précisé ne pas l'avoir vu "depuis 5 ou 6 ans".
En France, les recherches ont repris en début de matinée à Seyne-les-Alpes, dans la zone du crash de l'appareil.
Pour les enquêteurs, il s'agit avant tout de retrouver la deuxième boîte noire et d'identifier au plus vite les corps évacués de la montagne, notamment grâce aux prélèvements effectués sur les familles jeudi après-midi.
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