L'Arabie saoudite et des pays alliés ont lancé jeudi une intervention militaire au Yémen pour contrer l'avancée de rebelles chiites soutenus par l'Iran, qui a vivement dénoncé cette opération "dangereuse".
Téhéran, traditionnel rival de Ryad au Moyen-Orient, a mis en garde contre une propagation du conflit à d'autres pays. L'opération va "créer plus de tensions dans la région", a averti son ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif.
En pleines négociations sur le nucléaire iranien, les Etats-Unis ont apporté leur soutien à l'intervention, sans toutefois y participer directement.
L'Union européenne s'est pour sa part inquiétée des "risques de graves conséquences régionales" d'une telle opération, en se disant "convaincue que l'action militaire n'est pas une solution".
L'opération, baptisée "Tempête décisive", a été déclenchée dans la nuit par des frappes saoudiennes sur différentes positions des Houthis, ces miliciens chiites qui ont pris le contrôle de plusieurs grandes villes ces derniers mois et qui menaçaient de prendre la grande ville du sud Aden, où s'est réfugié le président Abd Rabbo Mansour Hadi après la prise de Sanaa en début d'année.
Des habitants de la capitale Sanaa ont témoigné de violentes explosions avec l'entrée en actions de la DCA au passage des avions de combat. Certains ont décidé de fuir par craintes de nouveaux raids. "Je m'en vais avec ma famille" car "Sanaa n'est plus sûre", a témoigné Mohamed, un habitant.
L'Arabie saoudite a mobilisé 150.000 militaires et 100 avions de combat, tandis que les Emirats arabes unis ont engagé 30 avions de combat, Koweït 15 appareils et le Qatar 10, a indiqué Al-Arabiya, chaîne de télévision à capitaux saoudiens. Bahreïn a annoncé participer avec 12 avions de combat.
L'opération mobilise également l'Egypte --avec son aviation et sa marine--, la Jordanie, le Soudan, le Pakistan et le Maroc, selon Ryad.
Le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi a exprimé son "soutien total" à l'intervention, deux jours avant le sommet annuel arabe du Caire où le Yémen devrait figurer en tête de l'ordre du jour.
- L'aéroport d'Aden repris -
L'Iran chiite, qui dément soutenir les Houthis, a estimé que "cette agression ne donnera aucun résultat, si ce n'est provoquer une propagation du terrorisme", en allusion notamment au groupe jihadiste Etat islamique qui a revendiqué son premier attentat la semaine dernière au Yémen.
Son allié au Liban, le Hezbollah, a dénoncé une agression "américano-saoudienne".
L'intervention militaire fait suite à plusieurs appels à l'aide émanant du président Hadi, incapable de faire face à l'avancée des rebelles qui se sont approchés ces derniers jours d'Aden.
Elle "vise à défendre le gouvernement légitime du Yémen et à empêcher le mouvement radical houthi de prendre le contrôle du pays", a expliqué l'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, Adel al-Jubeir.
Les raids ont permis de "détruire les défenses aériennes des rebelles houthis, la base aérienne Al-Daïlami attenante à l'aéroport de Sanaa, des batteries de missiles SAM et 4 avions de combat", selon un bilan cité par l'agence saoudienne SPA.
L'aviation saoudienne "a pratiquement sécurisé l'espace aérien yéménite" et "s'emploie à mettre en place une large zone d'exclusion aérienne", a déclaré un conseiller saoudien.
L'Arabie a en outre ordonné un renforcement des mesures de sécurité sur son territoire.
Des forces loyales au président ont en outre repris l'aéroport d'Aden, passé la veille sous le contrôle des forces anti-gouvernementales qui ont ensuite abandonné leur base à Aden.
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