Richard III, le dernier roi Plantagenêt mort à la guerre il y a cinq siècles, reposera à compter de jeudi et pour l'éternité en la cathédrale de Leicester, après une cérémonie funèbre grandiose.
L'événement retransmis en direct sera célébré par le chef de l'Église anglicane, l'archevêque de Cantorbéry Justin Welby, en présence de la comtesse de Wessex, Sophie, belle-fille d'Elizabeth II, mais aussi du prince Richard, duc de Gloucester, patron de l'association Richard III et descendant éloignés du défunt.
L'acteur britannique Benedict Cumberbatch -qui doit interpréter prochainement le roi dans une série de la BBC et a également un lointain lien de famille- va lire des vers écrits pour l'occasion par la poétesse écossaise Carol Ann Duffy.
La cérémonie doit commencer à 11H30 GMT à la Cathédrale de Leicester, en face du parking municipal où les restes du roi ont été découverts par hasard en 2012.
"Ce sera une cérémonie en grande pompe, formelle et en même temps très colorée. Nous espérons qu'elle va honorer la mémoire d'un roi qui n'a pas eu droit à beaucoup d'honneur pendant cinq siècles", annonce l'évêque de Leicester, Tim Stevens.
Mort à la guerre en 1485 à l'âge de 32 ans après un court règne de deux ans, Richard III a été présenté comme un tyran sanguinaire par la dynastie des Tudor qui a suivi, une réputation immortalisée par William Shakespeare.
Mais ces derniers mois, et le faste incroyable des célébrations depuis dimanche, ont contribué à réhabiliter l'image de ce roi maudit aux yeux du public britannique.
"Richard III est entré dans le coeur des gens", s'enthousiasme l'évêque, ajoutant à l'AFP qu'une "histoire comme ça ne peut exister qu'en Angleterre".
Enveloppé de lin et de laine, le squelette du roi, tordu par la scoliose et portant les stigmates de la guerre, est scellée dans un cercueil en chêne, garni de plomb. Le cercueil est l'oeuvre d'un descendant de Richard III, le charpentier canadien Michael Ibsen.
"Ca ne sera pas triste et déprimant car il est mort il y a déjà 530 ans", dit-il.
D'autres représentants de la lignée de Richard III ne cachent pas leur émotion, telle Wendy Dulding. "J'ai des frissons rien qu'à y penser. C'est un membre de ma famille. Cette cérémonie sera un événement pour des milliers des gens mais aussi quelque chose de très personnel pour moi", glisse à l'AFP cette chercheuse née en Australie.
Pour Richard Mackinder, responsable du site archéologique de Bosworth où Richard III est tombé en pleine bataille, en 1485, la ré-inhumation ne signifie pas la fin de l'histoire.
- Des mystères demeurent -
"C'est la fin d'un chapitre, pas la fin du livre. Nous n'en sommes pas au moment où tout est en ordre, éclairci", a-t-il estimé, ajoutant: "Qui sait ce que nous trouverons dans les années à venir ?".
Parmi les mystères en suspens, il y a l'impossibilité d'établir une filiation à travers la lignée masculine, qui milite en faveur de l'existence quelque part dans la chaîne d'un enfant illégitime.
Turi King, spécialiste de génétique et d'archéologie à l'Université de Leicester, a par ailleurs précisé à l'AFP qu'il pouvait y avoir entre 1 et 17 millions de personnes dans le monde qui descendent de la famille immédiate de Richard III.
Selon ses recherches, il y a 96% de chances que le monarque ait eu les yeux bleus et 77% de chances qu'il soit né avec des cheveux blonds.
La cérémonie funèbre du dernier monarque de la maison royale d'York intervient au terme de cinq jours de célébrations au cours desquelles des milliers de personnes sont venues rendre un dernier hommage au roi, en approchant son cercueil exposé depuis lundi dans la cathédrale de Leicester.
Une messe de requiem animée par le cardinal Vincent Nichols, le plus haut prélat catholique d'Angleterre a suivi.
Avant cela, une procession organisée dimanche entre Leicester et Bosworth, le lieu de son trépas, a été suivie respectueusement par près de 35.000 personnes. Nombre d'entre elles avaient revêtu costumes d'époque et armures de combat.
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