Le grand-père et le petit-fils se sont étreints et toute la famille Iacono a pleuré: après 15 ans de "calvaire", Christian Iacono a été acquitté mercredi en révision à Lyon pour des faits de viols sur son petit-fils, qui s'était rétracté il y a quatre ans.
Les révisions de condamnation pénales sont rarissimes en France: depuis 1945, 11 accusés seulement ont été acquittés à l'issue d'un nouveau procès, dont Christian Iacono ce mercredi. Fait encore plus rare, il s'agit du deuxième acquittement en révision pour viol, après celui, en juin 2011, de Loïc Sécher, qui avait été condamné à 16 ans de réclusion pour le viol d'une adolescente.
A l'énoncé du verdict, après trois heures de délibéré de la cour d'assises d'appel du Rhône, toute la famille Iacono a fondu en larmes.
Assis au premier rang, Gabriel, l'ancien-accusateur qui avait soutenu pendant 11 ans avoir été violé par son grand-père avant de se rétracter en mai 2011-, s'est retourné en enlaçant sa grand-mère, Jeannine, l'épouse de Christian Iacono, et sa tante. Ils pleurent et s'embrassent.
S'apprêtant à quitter le box des accusés, toujours vêtu de son élégant costume gris anthracite, Christian Iacono sourit et chuchote "merci, merci" à ses avocats, Me Gérard Baudoux et Dominique Romeo.
Puis, devant une forêt de caméras et de micros, le grand-père scelle son "pardon": "C'est un grand moment d'émotion après 15 ans de calvaire, j'ai hâte de revoir Gabriel et d'échanger, je veux qu'il soit près de moi et qu'il se conduise bien, je crois que c'est un bon garçon qui a eu une jeunesse foutue en l'air", a dit le "patriarche", aujourd'hui âgé de 80 ans.
De façon théâtrale, il se dirige vers son petit-fils et l'étreint. "Maintenant il faut que tu marches droit, que tu m'écoutes", lui dit-il d'une voix tremblante, en lui tenant les joues.
Son avocat, Me Baudoux, enchaîne: "il faut reconnaître à la justice le mérite d'avoir su dire qu'elle s'est trompée où qu'elle a été trompée, j'espère que les leçons de cette affaire seront tirées".
- La rétractation 'enfin' prise en compte -
Gabriel, lui, ne cache pas sa satisfaction: "J'ai pu réparer une bonne partie de ma connerie, j'ai envie de pleurer de joie, je suis heureux, ça y est, la rétractation on l'a prise en compte et plus personne ne pourra s'y opposer", dit le jeune homme de 24 ans.
La rétractation, pourtant n'était pas acquise. Surtout par l'avocat général Jean-Paul Gandolière qui, dans un réquisitoire sévère la veille, avait martelé que Gabriel avait bien été abusé par son grand-père, citant de nombreux éléments cliniques pour étayer son accusation.
Mais, laissant à la cour la lourde tâche de trancher, il n'avait paradoxalement pas réclamé de peine.
Les avocats de la défense avaient eux "supplié" mercredi matin les jurés de "restituer" au grand-père "son honneur" en le déclarant "innocent".
"Je vous demande de dire qu'après 15 années d'enfer, cet homme de 80 ans retrouvera la seule chose qui lui reste, son honneur!", avait tonné Me Gérard Baudoux dans sa plaidoirie, rappelant que "lorsque la machine judiciaire est en marche il est parfois extrêmement difficile d'en sortir".
Après avoir maintenu de façon constante pendant 11 ans des accusations de sévices sexuels et viols -censés s?être produits dans la villa du grand-père entre 1996 et 1998 à Vence (Alpes-Maritimes)-, Gabriel Iacono s'était rétracté début mai 2011 dans une lettre au parquet de Grasse.
Condamné en 2009, puis en appel en 2011 à 9 ans de prison, Christian Iacono avait saisi la cour de révision après les rétractations, et obtenu le 18 février 2014 l'annulation de sa condamnation.
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