Amélioration du climat des affaires, légère reprise du secteur privé: le bourgeonnement économique sonne le glas de la morosité hivernale dans l'Hexagone, mais il reste fragile et très dépendant de la baisse des prix du pétrole, selon des experts.
Le climat des affaires tous secteurs confondus s'est amélioré au mois de mars après cinq mois de stagnation, a indiqué mercredi l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).
L'indicateur global, calculé à partir des réponses des chefs d'entreprise des principaux secteurs d'activité, est ressorti à 96, soit une hausse de deux points par rapport au niveau enregistré chaque mois entre novembre et février, mais en deçà de la moyenne de long terme (100).
De son côté, l'activité du secteur privé a augmenté pour le deuxième mois consécutif, bien que de manière un peu ralentie en mars par rapport à février, selon la société d'études économiques Markit.
L'indice d'activité provisoire PMI, qui s'établit en mars à 51,7 points, 52,2 points en février, reste au-dessus de la barre des 50 points qui délimite les périodes de croissance et les périodes de récession.
- Pas d'excès d'optimisme -
Pour l'instant, experts et responsables politiques se gardent de tout excès d'optimisme mais constatent que les vents sont "très favorables".
"Ces enquêtes traduisent une amélioration de l'environnement économique qu'il s'agit de confirmer", a réagi le ministre des Finances Michel Sapin.
"Ces indicateurs montrent un frémissement qui devrait se transformer en reprise si on reste dans ces conditions là" cette année, constate Mathieu Plane, économiste à l'OFCE, faisant référence au niveau actuel des prix (bas) du pétrole et à la trajectoire de l'euro, qui a atteint à la mi-mars son plus bas niveau depuis douze ans face au billet vert.
La réalité de ce retournement de conjoncture est clairement portée par l'environnement international : à la baisse des prix du pétrole et celle de l'euro, s'ajoutent des taux d'intérêts très faibles, moins d'austérité chez certains partenaires commerciaux et un allègement des charges des entreprises en France.
Cette conjonction d'éléments favorables va "progressivement produire ses effets", assure M. Plane, et "la croissance du premier semestre va être surtout tirée par la baisse des prix du pétrole".
"Depuis l'avant-crise, on n'a jamais eu d'alignement d'éléments positifs aussi important", observe l'économiste , qui mise sur un "rythme de croissance trimestriel suffisant au cours de l'année pour faire baisser le chômage".
Mais le schéma de reprise pourrait être malmené par certains risques déflationnistes, un éventuel défaut de la Grèce, le report de projets d'investissements ou de consommation.
"Le simple retournement du climat des affaires ne suffit pas à conclure à une reprise", prévient de son côté Charles-Antoine Schwerer, économiste chez Astères. Mais, selon lui, "même si elle est ténue et dépend de facteurs majoritairement exogènes, la +reprise+ semble viable".
Elle ne devrait cependant "pas permettre une croissance bien supérieure à 1% pour 2015" et "automatiquement, le chômage ne devrait pas baisser significativement", tempère-t-il.
"Il n'y a pas de reprise franche" mais "fragile", constate également l'économiste Christian Saint-Etienne.
"On n'a pas encore franchi réellement le cap d'une reprise auto-entretenue en France", explique-t-il et la réponse n'est pas attendue "avant 18 mois".
Une reprise auto-entrenue se traduirait par un redémarrage de l'investissement des entreprises et des ménages.
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