L'entreprise aéronautique Airbus Group, avec l'assentiment de l'Etat français, poursuit son désengagement de Dassault Aviation en annonçant mercredi la cession de 15% supplémentaires du capital du constructeur du Rafale.
La société, qui avait fait part l'été dernier de son intention de monétiser sa participation dans Dassault, avait amorcé son retrait en novembre en lui vendant déjà, pour 794 millions d'euros, 8% du capital.
Airbus Group détiendra cependant toujours 27% de l'avionneur à l'issue de l'opération et s'est engagé à conserver ces titres pendant une période minimale de 180 jours.
Elle reste ainsi le deuxième actionnaire du constructeur du Rafale et des avions d'affaires Falcon, derrière la famille Dassault qui détient actuellement environ 55% du capital. L'arrivée de nouveaux acteurs ne devrait donc pas bouleverser la gouvernance de l'entreprise.
Cette fois-ci, Airbus Group prévoit de céder 1,38 million de ses titres.
Le prix sera déterminé à l'issue du processus de construction d'un livre d'ordres qui s'achèvera jeudi au plus tard.
Sur la base du cours de l'action Dassault mardi soir (1.240 euros), la participation cédée vaut 1,7 milliard d'euros.
Toutefois, Airbus Group, qui prévoit d'utiliser l'argent encaissé pour ses "besoins généraux", précise avoir reçu des manifestations d'intérêt pour l'ensemble des actions offertes au prix de 980 euros.
"Afin de faciliter le bon déroulement du placement", Dassault Aviation a demandé la suspension de la cotation de son titre sur Euronext Paris jusqu'au plus tard vendredi.
- "Belle opération" -
Dans tous les cas, Airbus Group "réalise une belle opération si on considère le prix de l'action de Dassault à la fin des années 1990", souligne Yan Derocles, analyste à Oddo Securities: le titre s'échangeait à environ 145 euros en mai 1999 quand l'Etat a cédé ses parts à Aerospatiale-Matra, prédécesseur d'Airbus Group.
La société, qui a engagé une vaste révision de son portefeuille d'activités depuis deux ans, se désengage aussi un peu plus d'un investissement qu'il ne considère pas comme stratégique puisque sa part, aussi importante soit-elle, ne lui confère aucun pouvoir décisionnel.
L'Etat a apporté sa bénédiction à cette opération en renonçant à son droit, prévu par un pacte d'actionnaire, de première offre.
En novembre, le gouvernement avait conclu avec le Groupe industriel Marcel Dassault (GIMD, la holding familiale de Dassault Aviation, ndlr) une convention d'une durée minimale de 20 ans lui permettant d'assurer la défense de ses intérêts en cas d'évolution du contrôle de la société.
Dassault Aviation se portera acquéreur d'environ 0,46 million d?actions au prix maximum unitaire de 980 euros (contre 1.240 euros à la clôture mardi), soit environ 33% du placement et 5% de son capital.
Pour le reste du placement, Airbus cible des investisseurs institutionnels.
Une option de sur-allocation pouvant aller jusqu'à 10% des actions effectivement placées auprès de ces derniers est prévue.
Si Dassault Aviation conserve fermement le contrôle de la stratégie de l'entreprise, l'opération implique que le nombre d'actions flottantes, donc susceptibles d'être échangées en Bourse, passe de 1,9% à près de 12%, remarque Yan Derocles. Cet actionnariat "plus divers", "implique une obligation un peu plus forte de communication et de transparence", note-t-il.
En même temps, Dassault "continue de se débarrasser d'un actionnaire qui l'embêtait", relève le spécialiste. "Les relations n'ont jamais été particulièrement amicales" entre les deux groupes et, rappelle-t-il, alors que l'intention de l'Etat à la fin des années 90 était de créer un grand groupe de défense et d?aérospatiale, "aucune synergie n'a jamais été mise en place".
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