L'avocate de Patrice de Maistre, ancien gestionnaire de fortune de la milliardaire Liliane Bettencourt jugé à Bordeaux pour trafic d'influence, a vertement attaqué mercredi les conclusions "à charge" des juges d'instruction, plaidant l'innocence de son client pour lequel le ministère public a déjà requis la relaxe.
"Cette ordonnance de renvoi était un réquisitoire alors qu'elle aurait dû être instruite à charge et à décharge", a d'emblée entamé Me Jacqueline Laffont dans sa plaidoirie.
Attaquant méthodiquement cette ordonnance renvoyant devant le tribunal correctionnel de Bordeaux M. de Maistre et l'ex-ministre UMP Eric Woerth, Me Laffont a estimé que les juges d'instruction "ont raconté une histoire". "Celle d'un ministre en vue qui aurait accepté ou proposé, ce n'est même pas très clair, de faire nommer Patrice de Maistre à l'ordre de chevalier de la Légion d'honneur et demandait en contrepartie que son épouse soit embauchée dans le +family office+ des Bettencourt".
"Voilà le postulat !", a-t-elle résumé. "Et pour les juges, il faut que cette histoire constitue une infraction. Ils prennent des éléments, certes réels, mais qui n'ont rien à voir les uns avec les autres". "Il n'existe pas le début d'un commencement de preuve d'un tel pacte", affirme l'avocate, selon laquelle "la présentation des faits a été orientée" durant l'instruction.
"Je ne règle pas mes comptes, je fais un constat qui paraît être objectif et qui est partagé par le ministère public, qui a parlé d'invraisemblances et d'inanité des poursuites", a-t-elle souligné, se félicitant des réquisitions de relaxe prises la veille par le procureur Gérard Aldigé, "quasiment une plaidoirie" avant l'heure.
M. Aldigé avait en effet estimé mardi que "les éléments à charge ne sont pas suffisants pour emporter la conviction d'un quelconque trafic d'influence actif (pour Patrice de Maistre) et passif" (pour Éric Woerth), ayant abouti à l'embauche de Florence Woerth au sein des sociétés gérant la fortune des Bettencourt, dont M. de Maistre était alors directeur-général.
Selon le ministère public, "il s'agit là d'une construction intellectuelle () à partir du rapprochement audacieux d'événements et de dates" qui "ne peut asseoir une culpabilité".
Pour l'avocate, "c'est à un effondrement de l'accusation que nous avons assisté. Nous aurions dû éviter cette audience () pour un dossier qui ne le méritait pas".
L'avocat d'Éric Woerth, Me Jean-Yves Le Borgne, devait lui aussi plaider la relaxe de son client dans la matinée. Le jugement devrait être mis en délibéré à l'issue du procès.
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