Benjamin Netanyahu fait face à l'une des plus graves crises affrontées depuis longtemps par un Premier ministre israélien dans ses relations avec la Maison Blanche qui n'a montré aucun signe d'accepter ses excuses ou ses explications de texte post-électorales.
Un article publié mardi par le Wall Street Journal risque de jeter encore un froid.
Selon le quotidien américain qui cite des responsables américains, Israël a espionné les négociations entre l'Iran d'un côté, les Etats-Unis et cinq autres puissances de l'autre sur le programme nucléaire iranien.
Israël, vigoureusement opposé aux termes qui semblent pouvoir être ceux d'un accord avec l'Iran, a partagé ses informations avec des congressistes américains hostiles à ces tractations pour qu'ils s'en servent contre les efforts diplomatiques en cours, ajoute le journal.
"Qu'Israël et les Etats-Unis s'espionnent l'un l'autre, c'est une chose. Qu'Israël vole des secrets américains et les communique à des législateurs américains pour saper la diplomatie américaine en est une autre", dit un haut responsable américain cité par le journal, alors que les pourparlers sont dans une phase cruciale.
Plusieurs responsables israéliens ont catégoriquement démenti, affirmant qu'Israël n'espionnait plus son grand allié américain depuis les engagements pris envers Washington après le retentissant précédent Jonathan Pollard.
- "Israël n'espionne pas les Etats-Unis" -
Cet analyste de la marine américaine a été condamné en 1987 à la prison à perpétuité aux Etats-Unis pour espionnage au profit d'Israël.
"Israël n'espionne pas les Etats-Unis, un point c'est tout", a dit Youval Steinitz, ministre du Renseignement dans le gouvernement sortant de M. Netanyahu et proche de ce dernier.
Le ministre sortant des Affaires étrangères Avigdor Lieberman a fait valoir qu'Israël avait d'autres sources et qu'il y avait assez de monde autour de la table des négociations pour que les fuites viennent d'ailleurs, peut-être des Iraniens eux-mêmes.
L'activité déployée par le gouvernement de M. Netanyahu contre les négociations nucléaires et l'intervention exceptionnelle du Premier ministre sur le sujet devant le Congrès le 3 mars ont considérablement irrité la Maison Blanche.
Depuis, la campagne électorale mal engagée mais finalement victorieuse de M. Netanyahu a encore dégradé les rapports.
"Le caractère public de cette hostilité mutuelle (entre MM. Obama et Netanyahu) représente le nouveau point le plus bas (de la relation). Je ne crois pas que nous ayons jamais eu des critiques personnelles aussi violentes en public", dit à l'AFP Jonathan Rynhold, auteur d'un ouvrage récent sur les relations bilatérales.
L'administration américaine est allée jusqu'à ouvertement remettre en question la crédibilité de M. Netanyahu. "Les mots, ça compte. Et si vous dites quelque chose de différent au bout de deux jours, que faut-il croire? () Nous ne lisons pas dans ses pensées", a déclaré lundi le département d'Etat.
- "Respecter l'électeur israélien" -
La campagne de M. Netanyahu a donné à l'administration américaine de multiples motifs d'exaspération: il a enterré l'idée d'un Etat palestinien s'il conservait son poste; il a promis de poursuivre la colonisation; il s'est opposé à ce que Jérusalem-Est devienne la capitale d'un Etat palestinien; le jour du vote, le 17 mars, pour rallier les électeurs de droite, il brandissait le spectre d'un vote "en masse" des Arabes israéliens.
Depuis il a tenté de nuancer ses propos sur la création d'un Etat palestinien. Lundi, il s'est dit désolé d'avoir blessé la sensibilité des Arabes israéliens.
M. Obama, premier président noir des Etats-Unis, a personnellement critiqué les propos de M. Netanyahu sur le vote arabe israélien et laissé entendre que le Premier ministre sortant sapait la démocratie israélienne.
Les déclarations post-électorales de M. Netanyahu n'ont pas apaisé Washington. L'administration américaine s'est dite contrainte de réévaluer le soutien historique qu'elle apporte à Israël à l'ONU.
Des experts la soupçonnent d'utiliser les circonstances pour faire pression sur la constitution du prochain gouvernement de M. Netanyahu. Le président israélien Reuven Rivlin recevra mercredi à 19H30 (17H30 GMT) celui qu'il a choisi pour former le gouvernement, a indiqué la présidence sans donner de nom. Nul doute qu'il s'agira de M. Netanyahu, assuré depuis lundi d'une claire majorité de droite au parlement.
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