Les syndicats de Radio France vont reconduire leur grève pour un septième jour mercredi, après l'annonce par le PDG Mathieu Gallet d'un possible plan de départs volontaires pour 200 à 300 salariés, alors que Le Canard enchaîné met à nouveau en cause ses dépenses.
Mathieu Gallet a annoncé mardi lors d'un CCE extraordinaire qu'il envisageait des mesures de départs volontaires pour 200 à 300 seniors, afin d'économiser 17 à 24 millions d'euros sur la masse salariale d'ici 2019, selon les mêmes sources.
Ces informations sont "confidentielles", s'est contentée de déclarer la direction, interrogée par l'AFP.
Sans attendre la fin du CCE qui se poursuivait encore mardi après-midi, les syndicats ont indiqué à l'AFP qu'ils avaient décidé de reconduire leur grève mercredi, la plus longue depuis 2004. La CGT a d'ores et déjà rejeté un éventuel plan de départs: "C'est non", a-t-elle réagi sur son compte Twitter.
"Nous n'avons plus confiance en vous. Il va falloir des actes forts, un projet digne des attentes du public et des salariés. Faute de cela le conflit durera", a averti SUD dans un communiqué.
En plein CCE, Le Canard enchaîné, qui avait déjà révélé il y a une semaine les coûteux frais de rénovation du bureau du PDG, a de nouveau mis en cause ses dépenses dans son édition à paraître mercredi.
Selon le journal satirique, depuis son arrivée en mai Mathieu Gallet a engagé pour 90.000 euros par an, aux frais de Radio France, un spécialiste en communication personnelle, Denis Pingaud, et ce sans appel d'offres.
Mathieu Gallet avait déjà employé Denis Pingaud lorsqu'il était PDG de l'INA (Institut national de l'audiovisuel), de 2011 à 2014, aux frais de l'INA, pour 60.000 euros par an, affirme Le Canard. La direction de Radio France n'avait pas encore réagi mercredi sur ces informations.
Le jeune PDG de 38 ans, nommé par le CSA, avait déjà été affaibli par la révélation des frais de rénovation de son bureau de plus de 100.000 euros. Il a présenté lundi publiquement ses excuses au personnel pour ces dépenses, reconnaissant une "erreur". Il a aussi dénoncé "une campagne de destabilisation lancée comme par hasard à la veille d'une grève".
Depuis plusieurs semaines, le personnel craint un plan d'économies et des réductions d'effectifs. Pour la première fois de son histoire, Radio France est lourdement déficitaire, prise en ciseau entre une baisse de la dotation de l?État et des charges -dont 60% de masse salariale- qui continuent à croître. Le budget 2015 prévoit un déficit de 21,3 millions d'euros, du jamais vu.
- 'Droit d'alerte' -
Il y a deux mois, Mathieu Gallet avait averti que le groupe devait trouver 50 millions d'euros d?économies, mais sans préciser comment réduire les coûts. Le PDG expliquait devoir attendre l'issue des négociations en cours avec l?État sur le nouveau contrat d'objectifs et de moyens (COM), qui fixera les ressources du groupe sur plusieurs années. Ce COM est attendu pour la mi-avril.
Les syndicats ont décidé de monter au créneau sans attendre, avec deux premières grèves de 24 heures les 11 février et 12 mars, puis de passer à la vitesse supérieure avec un préavis de grève illimitée déposé jeudi dernier. La reconduction est décidée chaque jour pour le lendemain.
"Nous nous sommes organisés pour que la grève dure et impacte les antennes. Ça se durcit", avait déclaré lundi un représentant syndical.
A l'issue du CCE de mardi, les syndicats pourraient décider de déclencher un "droit d'alerte économique", une procédure qui prévoit notamment un audit des comptes par un expert mandaté par les syndicats, selon des sources syndicales.
Malgré un faible taux de participation mis en avant par la direction - 244 grévistes lundi, selon elle - toutes les antennes étaient largement paralysées. De nombreux programmes sont remplacés par des bandes musicales et lundi et mardi, la matinale de France Inter, son émission phare, a été annulée.
Prochainement la Cour des comptes doit par ailleurs publier un rapport sur la gestion de Radio France, qui devrait pointer le dérapage des dépenses de rénovation de la Maison de la Radio. Entamé en 2009, ce chantier a déjà coûté plus de 350 millions d'euros.
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