Cordon sanitaire ou pas pour marginaliser le FN ? Sur cette question qui domine la campagne du second tour des départementales, le ton monte entre Manuel Valls, leader d'une gauche en difficulté, et Nicolas Sarkozy et ses amis, sommés de préférer le PS au FN mais qui refusent de "recevoir des leçons de morale".
La reprise de cette querelle entre le Premier ministre et le PS d'une part, la "droite républicaine" d'autre part a pour toile de fond la performance électorale du Front national, qui sera au second tour dans 772 duels et 297 triangulaires, soit dans trois cantons sur cinq.
Au total, le premier tour a produit 1.536 duels, 314 triangulaires (et même une quadrangulaire), mais c'est mardi soir que les configurations réelles devaient être figées pour chaque canton, des retraits de candidatures et désistements devant intervenir d'ici là.
La droite espère ravir dimanche prochain "plus de 30 départements" à la gauche (qui en détient 60 actuellement), selon le député-maire UMP de Nice Christian Estrosi, ce qui serait une défaite cinglante pour la gauche. Prudent, le "Monsieur Elections" du PS Christophe Borgel s'est borné à affirmer que la gauche conservera "assurément" une "vingtaine" de départements.
Donnant le ton de la journée, Nicolas Sarkozy a dénié à Manuel Valls le droit de "donner des leçons de morale", ce qu'"adore" faire le PS, selon lui. La veille au soir, reparti en campagne en Seine-St-Denis, le chef du gouvernement avait critiqué la position "mortifère" de l'UMP consistant à refuser de choisir au second tour entre PS et FN (ce qu'on appelle le "ni-ni"). Les socialistes appellent à voter pour un "candidat républicain" en cas de duels FN-UMP.
- Sarkozy: l'UMP n'a 'rien à voir' avec le FN -
"Nous avons fixé une ligne politique dont je ne dévierai pas, il n'y aura pas un accord avec le Front national, et toute personne qui fera un accord avec le Front national nous le mettrons dehors", a assuré Nicolas Sarkozy sur RTL. Il a renvoyé dos à dos "les candidats de la gauche, dont nous combattons la politique" et "les candidats du Front national avec qui nous n'avons rien à voir".
Le président de l'UMP est parvenu jusqu'ici à éviter la reprise de la polémique interne sur ce sujet, les adversaires du "ni-ni" à l'UMP disant, tels Alain Juppé et Nathalie Kosciusko-Morizet, "respecter" le choix majoritaire du parti.
Nicolas Sarkozy a également pointé "une dizaine de cas très précis où les candidats du PS arrivés en troisième position se maintiennent", contrairement à la consigne donnée par la rue de Solférino. Le PS a démenti les accusations du patron de l'UMP, en réaffirmant que tout binôme contrevenant à sa consigne perdrait l'investiture socialiste.
Jugeant "Nicolas Sarkozy très nerveux et, au fond, très caricatural" avec des "prises de position (qui) ne servent pas l'intérêt général et la République", Manuel Valls a répondu peu après au président de l'UMP en l'invitant à "se reprendre".
Le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis a ciblé pour sa part les propos de Nicolas Sarkozy réaffirmant son hostilité aux menus de substitution dans les cantines scolaires, une pratique en vigueur depuis longtemps. "@NicolasSarkozy est indigne. Il veut les voix du #FN contre le PS et celles du PS contre le FN", a déclaré M. Cambadélis sur twitter. Nicolas Sarkozy, "ou comment tenter de se refaire une santé électorale en aspirant les voix du FN", a appuyé Juliette Méadel, porte-parole du PS.
L'UMP a choisi de concentrer le tir sur le programme économique du Front national.
"Mme Le Pen a une politique économique folle, qui est, point pour point, celle de M. Mélenchon", candidat du Front de gauche à la présidentielle 2012. Au côté d'Alain Juppé à Pessac (Gironde), François Fillon a assimilé le programme du FN à "la décadence, le déclin, la ruine de notre pays".
Pour ses attaques répétées du FN, Manuel Valls a d'autre part eu droit aux amabilités du vice-président du FN Louis Aliot. Le Premier ministre "passe sur le terrain pour l'excité de service", a dit Louis Aliot.
Eliminée au premier tour dans 524 cantons, la gauche tente d'autre part péniblement de refaire son unité pour sauver au second tour un maximum de cantons. En Seine-Saint-Denis, bastion historique de la gauche, socialistes et communistes ont appelé ensemble au "rassemblement".
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