Le premier tour des départementales a confirmé "l'enracinement" du Front national et la fin d'une vie politique bipolaire, constate la presse de mardi qui avertit que le "tripartisme" va "chambouler" les règles du jeu.
Dans La Croix, Guillaume Goubert, rappelle que "la vie politique française était bipolaire" et que "pour les temps à venir, elle va s'organiser autour de trois pôles : la gauche, la droite modérée et le Front national".
"Dans un pays dont les institutions et les modes de scrutin ont façonné, depuis un demi-siècle, la concurrence et l'alternance de la droite et de la gauche, l'installation solide du Front national en position de prétendant au pouvoir va durablement chambouler les règles du jeu", prévient pour sa part Le Monde.
Car "même si l?UMP et le centre réalisent ensemble un bon score, il ne faut pas se faire d?illusion: la dynamique est du côté du Front national", commente Nicolas Beytout dans L'Opinion. Un avis partagé par ses confrères éditorialistes.
"Si le FN n'atteint pas les sommets qui lui ont été prêtés avec beaucoup de complaisance et d'imprudence, il progresse, atteignant le quart des suffrages exprimés, s'enracinant dans les territoires, crédibilisant l'impasse dans laquelle il veut jeter les milieux populaires", s'alarme Patrick Apel-Muller dans L'Humanité.
"Taupe méthodique et endurante, il a percé et labouré ses galeries", "il n'y a plus d'enclaves protégées du vote FN. Il s'est diffusé sur tout le territoire", insiste dans Les Echos Cécile Cornudet.
La presse régionale est bien placée pour constater, à l'instar de Dominique Jung qui écrit dans Les Dernières Nouvelles d'Alsace que, "de scrutin en scrutin, (Marine Le Pen) élargit le miroir aux alouettes, renforce le maillage territorial du FN et engrange des suffrages".
"Sa formation s?ancre et s?enracine localement comme jamais?!" renchérit L'Est républicain sous la plume d'Alain Dusart.
"Le Front national est-il un parti normal ? La question n?est pas dépassée, mais elle est sous le boisseau. Il est là, point", assène Denis Daumin de La Nouvelle République du Centre Ouest.
Jean-Louis Hervois décrit dans La Charente libre "trois familles politiques de force équivalente, aussi peu solubles les unes que les autres". "Cet FNUMPS recèle en lui tous les inconvénients du ménage à trois quand la maison commune n?a été conçue que pour deux", ajoute l'éditorialiste.
Scrutin local par excellence, les départementales confirment, aux yeux de Michel Urvoy de Ouest France que "les alliances d'appareil ne suffiront pas à trouver des majorités, à empêcher le Front national d'être l'arbitre de toute élection".
Cette nouvelle donne complique sérieusement la tâche des leaders deux grandes forces traditionnelles, le PS et l'UMP.
A gauche, "pour la deuxième fois depuis l?élection de François Hollande, le PS termine à la troisième place d?un scrutin intermédiaire, ce qui ne s?est jamais produit sous la Ve République", insiste Paul-Henri du Limbert dans Le Figaro.
L'enjeu pour la majorité est résumé par Laurent Joffrin dans Libération : "unie, la gauche peut gagner ; divisée, elle a déjà perdu; unie, elle est au second tour ; divisée, elle disparaît".
A droite, "Nicolas Sarkozy et l?UMP avec lui en tiennent donc pour le +ni-ni+. Dans une France désormais caractérisée par le tripartisme, ils persistent à renvoyer dos à dos le Front national et le Parti socialiste", s'étonne Bruno Dive dans Sud-Ouest.
Mais "ne pas appeler à faire battre le FN, c?est lui offrir des possibilités de victoires inespérées, et renforcer encore la position de sa présidente qui n?en demande pas tant !", avertit Hervé Favre dans La Voix du Nord.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.