Tout n'est pas encore joué pour la droite en Île-de-France: l'UMP et l'UDI abordent le second tour en position de force dans leurs bastions de l'ouest parisien, mais la gauche résiste dans l'ancienne banlieue rouge et le FN gagne du terrain en grande couronne.
Portées par la dynamique nationale et leurs bons résultats aux dernières municipales, l'UMP et l'UDI rêvaient d'un Grand Chelem à l'échelle du Grand Paris.
Dans quatre départements, les jeux sont presque faits: les bastions des Hauts-de-Seine et des Yvelines ont une nouvelle fois voté largement à droite, le Val-d'Oise aussi et la Seine-et-Marne devrait retourner dans son giron à l'issue du second tour.
Mais pour repeindre d'un bleu uniforme la carte de la banlieue parisienne, et arracher une victoire historique, le plus dur reste à faire. La bataille s'annonce rude dans l'Essonne, fief de Manuel Valls, et encore plus en Seine-Saint-Denis et dans le Val-de-Marne.
"L'alternance est possible partout en Ile-de-France", clame Valérie Pécresse, chef de file de l'UMP dans la région, forte de l'arrivée des candidats de la droite et du centre "en tête dans 93 des 155 cantons franciliens".
"En Ile-de-France, la gauche résiste mieux avec 38% des voix qui se portent sur le bloc de gauche, largement devant le Front national", rétorque Jean-Paul Huchon, président PS de la Région, qui appelle au "rassemblement, seule méthode pour gagner".
Dans les banlieues aisées de l'ouest, la droite - déjà ultra-majoritaire - conforte ses positions. Les binômes UMP-UDI sont arrivés en tête dans la quasi-totalité des cantons des Yvelines et distancent largement la gauche dans les Hauts-de-Seine (45,48% des voix).
Aux mains du PS depuis 10 ans, la Seine-et-Marne, vaste département semi-rural et terre d'élection de plusieurs responsables nationaux de la droite, devrait retourner dans le giron de l'UMP.
"C'était prévisible que la majorité départementale allait prendre une belle dégelée", plastronne le chef de file UMP, Jean-Jacques Hyest.
- Rien n'est joué dans l'ex-ceinture rouge -
Malgré l'optimisme affiché de la droite, rien n'est en revanche joué dans l'ex-"ceinture rouge".
La gauche, qui se présentait pourtant en ordre dispersé, a tenu bon dans le Val-de-Marne, l'un des deux derniers départements encore dirigé par les communistes. La participation, en hausse (44% contre 36% en 2011), semble avoir profité à l'équipe sortante, que certains disaient vaincue d'avance.
"Il y a de très grandes chances que le département reste géré par la gauche et dirigé par un communiste", se réjouit Christian Favier (PCF), à la tête du département depuis 2001.
En Seine-Saint-Denis, autre bastion de la gauche, le rêve de la droite de remporter une victoire historique s'éloigne. Le PS aborde le second tour en situation favorable, après avoir récolté 32% des voix, soit quatre points de plus que l'alliance UMP-UDI, d'ores et déjà éliminée dans un tiers des cantons.
Surtout, les socialistes, les communistes, et leurs alliés, à couteaux tirés depuis des années, ont annoncé leur union dans l'entre-deux tours pour conjurer tout risque de basculement, dans un département qui a décroché une nouvelle fois le record d'abstention (63%).
L'exécutif surveillera par ailleurs de près la dernière semaine de campagne dans l'Essonne, fief du Premier ministre Manuel Valls, où la droite et la gauche sont au coude à coude et où les reports de voix rendent le second tour plus imprévisible.
Le FN, qui se maintient dans sept cantons sur 21 dans le département, pourrait troubler le jeu, comme dans l'ensemble de la grande couronne, où il fait des percées remarquées.
Dans le Val-d'Oise, le parti de Marine Le Pen se maintient dans 16 cantons sur 21 et en Seine-et-Marne, où l'extrême droite s'enracine depuis plusieurs scrutins, il fait la course en tête dans 8 cantons.
Malgré de bons résultats notamment dans les cantons ruraux, "il faut être réaliste, ça m'étonnerait qu'on emporte le département", convient toutefois le secrétaire départemental du FN Renaud Persson.
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