Soupçonnés d'avoir participé à un trafic de drogue et volé des dealers, de s'être livrés à des violences et des menaces, notamment sur leur supérieure, cinq policiers de la Brigade anticriminalité (BAC) de Stains (Seine-Saint-Denis) ont été placés en garde à vue lundi.
Les cinq policiers sont entendus dans le cadre d'une information judiciaire ouverte à Bobigny notamment pour "vol et violences aggravés, association de malfaiteurs en vue de se livrer au trafic de stupéfiants", a précisé le parquet, qui n'était pas en mesure d'entrer dans les détails des faits qui leur sont reprochés.
Interpellés pour certains sur leur lieu de travail par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), ils peuvent être maintenus en garde à vue pendant 96 heures, avant leur éventuelle mise en examen. La police des polices dispose "d'indices graves et concordants" contre ces fonctionnaires, ont précisé des sources policières.
La justice enquête sur des soupçons de délits commis par des policiers de cette BAC depuis mai 2014, a précisé une source judiciaire. Les faits qui leur sont reprochés remontent au moins à 2013, et les fonctionnaires ont continué de travailler dans la police jusqu'à aujourd'hui, a précisé cette source.
"Les faits dont ils sont suspectés sont extrêmement graves", a déclaré le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve dans un communiqué. "Si ces faits sont avérés", le ministre "prendra des sanctions disciplinaires d'une grande sévérité, comme à chaque fois que les lois et les règles déontologiques sont enfreintes", a-t-il affirmé.
- 'Perquisitions à la mexicaine' -
Dans le détail, les policiers sont soupçonnés d'avoir "ciblé des personnes" se livrant au trafic de drogue dans cette banlieue pauvre du nord de la région parisienne, pour les voler, selon la source judiciaire. Ces présumés "ripoux" auraient extorqué des fonds à leurs victimes et se seraient servis dans les scellés, ont précisé les sources policières.
Ils se seraient également livrés à des "perquisitions à la mexicaine", qui n'avaient jamais été ordonnées par la justice, "en simulant un cadre légal" pour se servir chez leur victime, a précisé la source judiciaire.
Outre les délits particulièrement graves visés par le juge d'instruction, les investigations portent également sur des soupçons de "modification d'une scène de crime" et de consultation illégale d'un fichier informatique.
Enfin, dans une procédure distincte de celle qui leur vaut une garde à vue lundi, les cinq policiers sont soupçonnés d'avoir menacé leur supérieure hiérarchique, au point qu'elle "a dû quitter son poste" au commissariat de Stains.
Cette affaire qui ébranle la police de Seine-Saint-Denis n'aurait, selon les premières investigations, pas de rapport avec celle datant d'octobre 2014, dans laquelle deux policiers de la BAC départementale du "9-3" avaient été mis en examen et écroués pour leur participation supposée à un trafic de voitures volées.
Les deux policiers, âgés de 36 et 40 ans, s'étaient vu reprocher des faux et usage de faux -- infraction criminelle lorsqu'elle est commise par un dépositaire de l'autorité publique punie d'un maximum de 15 ans de prison -- corruption passive, et association de malfaiteurs en bande organisée.
Surtout, les premiers éléments dévoilés sur l'enquête menée à Stains rappellent l'affaire qui avait éclaté en octobre 2012 à la Bac nord de Marseille, où plusieurs policiers ont été convaincus par l'IGPN d'avoir récupéré cigarettes et stupéfiants lors de contrôles. Des Révocations et suspensions ont prononcées dans cette affaire en décembre 2013.
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