Manuel Valls a appelé au "rassemblement de toute la gauche", d'ores et déjà éliminée dans un quart des cantons, pour sauver les meubles dimanche prochain au second tour des élections départementales face à une droite largement en tête et un FN à 25%.
Une seule lecture des résultats et un mot d'ordre lundi matin du côté de l'exécutif: le PS et ses alliés sont "devant le Front national" et l'ensemble de la gauche, trop "divisée", doit à présent s'unir pour éviter une vague bleue.
Avec "ses alliés divers gauche et radicaux de gauche", le PS réalise 28% des voix", c'est-à-dire "au-dessus du Front national", a déclaré lundi Manuel Valls, qui avait fait du parti de Marine Le Pen sa cible principale.
Avec les suffrages des écologistes et du Front de gauche, "les blocs de droite et de gauche sont à égalité (à 36%, NDLR) et le Front national est à 25%", a renchéri le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, qui a souligné que la droite s'était unie dans "1.200 ou 1.300" cantons quand la gauche ne l'avait été "dans à peine 400 à 430".
Cet appel à l'unité, alors que le PS et ses alliés sont d'ores et déjà éliminés dans plus de 520 cantons, ne manquera pas d'être vivement contesté à gauche du PS. Le Front de Gauche accuse le gouvernement d'avoir "manipulé les étiquettes" électorales pour amoindrir son score alors qu'il était l'allié principal d'Europe-Ecologie Les Verts pour ce scrutin local.
Le Premier ministre a exclu un changement de ligne politique. "Il faut poursuivre une politique qui va donner des résultats", quelle que soit la configuration du second tour dimanche prochain, a-t-il dit sur RTL, tout en assurant qu'il resterait "à la tête du gouvernement".
La division des écologistes s'est encore amplifiée dimanche soir entre les tenants de l'alternative à gauche du PS et les partisans d'un retour au gouvernement qui ont dénoncé un "désastre électoral".
- 'Faute morale' -
Au plan national, au vu des résultats publiés par le ministère de l'Intérieur, la gauche ne devrait conserver qu'une vingtaine de départements sur les 61 qu'elle détenait. La droite, bien placée pour conserver ses bastions, pourrait lui ravir au minimum une quinzaine de départements, avec dans le viseur quelques territoires emblématiques tels que le Nord ou la Corrèze.
Lundi matin, Manuel Valls a dénoncé une "faute politique" et une "faute morale" dans ce choix réaffirmé du "ni-ni", arguant, comme il l'a fait durant toute la campagne, que la gauche n'avait "jamais hésité" à voter pour le candidat de droite face au FN en cas d'élimination.
L'UMP n'a d'ailleurs aucune intention d'accorder un répit au Parti socialiste. Nicolas Sarkozy, qui enregistre un premier succès personnel depuis son retour à la présidence de l'UMP, a renouvelé dimanche la consigne "ni FN, ni PS" dans les cantons où la droite est éliminée.
Un mot d'ordre que son rival Alain Juppé "respecte", même si sa "priorité" demeure de "faire barrage au FN", a rappelé l'ancien Premier ministre, qui voit dans le succès des listes d'union UMP-UDI la validation de sa stratégie pour 2017.
Le Front National, de son côté, a recueilli plus de 4,9 millions de voix, soit 25,12% et réalisé le meilleur score de son histoire en pourcentage, en augmentant légèrement sa marque des européennes (24,86%). Loin, encore, des 6,4 millions d'électeurs de Marine Le Pen au premier tour de la présidentielle de 2012, quand la participation avait frôlé les 80% (près de 50% dimanche).
Le parti de Marine Le Pen "continue sa progression", a reconnu Manuel Valls. Il est arrivé en tête dimanche dans 43 départements sur 98 où le scrutin avait lieu. Pratiquement absent des assemblées départementales, il compte déjà huit élus dès le premier tour et sera présent au second tour dans près de 1.100 cantons. Il peut ambitionner de remporter la majorité des sièges dans le Vaucluse, le Gard, l'Aisne et même le Pas de Calais.
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