La circulation alternée, réponse rare à une pollution exceptionnelle, est entrée en vigueur lundi à 05H30 à Paris et en proche banlieue, avec 750 policiers mobilisés pour contrôler l'autorisation de rouler donnée aux seules plaques impaires.
Malgré la grande publicité autour de la mesure durant le week-end, tous ne la respectent pas au risque d'avoir à acquitter une amende de 22 euros.
"Je travaille moi, j'ai pas de temps à perdre avec ça", lance un automobiliste arrêté à un feu rouge de la Porte d'Italie, lorsqu'on lui demande pourquoi il circule, seul, dans une voiture dont l'immatriculation est paire. Il redémarre aussitôt.
Tout le monde n'est pas soumis à la règle. Parmi de nombreuses dérogations, les véhicules "propres" (électriques, hybrides, au gaz) ou transportant au moins trois "covoitureurs" peuvent circuler, tout comme ceux assurant des missions de service public (forces de l'ordre, pompiers) et certains véhicules professionnels (commerciaux et journalistes).
Décidée samedi après un bras de fer entre la mairie de Paris et l'Etat, la circulation alternée concerne la capitale et 22 communes limitrophes comme Vincennes, Ivry-sur-Seine, Boulogne-Billancourt ou Saint-Ouen.
Pour la faire respecter, les forces de l'ordre ont prévu "une centaine de points de contrôle", à l'intérieur ou aux portes de Paris, ou encore sur les grands axes vers la capitale. Elles s'assurent aussi que les poids lourds en transit contournent bien l'agglomération, en empruntant la Francilienne.
Les contrevenants s'exposent à une amende de 22 euros et les automobilistes "devront repartir dans le sens contraire", a prévenu la préfecture de police, qui a toutefois promis du "discernement" et de prendre en compte la "bonne foi" des automobilistes.
"L'objectif est d'assurer une pédagogie, de compter sur le civisme des citoyens pour qu'ils respectent de facto l'obligation de circulation alternée", a assuré Muriel Rault, commissaire à la Direction de l'ordre public et de la circulation de la préfecture de police.
Les conducteurs sont aussi invités à réduire de 20 km/h la vitesse maximale sur les routes franciliennes.
- Transports en commun gratuits -
Bonne nouvelle pour les usagers, en contrepartie les transports en commun sont gratuits, ainsi que la première heure de location d'un Autolib' ou le ticket journée pour un Vélib' (dans la limite de 30 minutes de circulation).
Gratuits aussi, les stationnements résidentiels, tandis que les voitures dont la plaque est paire peuvent se garer sur les places dites "visiteur", dont l'occupation ne peut habituellement excéder deux heures.
La pollution reste à un niveau élevé. Lundi, le seuil d'information aux particules devrait dépasser les 50 microgrammes par m3, selon Airparif, l'organisme chargé de la surveillance de la qualité de l'air en région parisienne.
La décision de prolonger ou non la circulation alternée devrait être prise à la mi-journée, en fonction des nouvelles prévisions d'Airparif. Si la mesure est reconduite, ce sera au tour des voitures aux plaques paires de circuler mardi 24, jour pair.
Cette mesure n'avait jusqu'à présent été mise en place que deux fois: en 1997 et, plus récemment, le 17 mars 2014.
Cette fois, la circulation alternée entre en vigueur au septième jour d'un épisode de pollution aux particules fines en Ile-de-France. Mais elle était réclamée depuis plusieurs jours par la maire de Paris, Anne Hildalgo et les Verts, inquiets du niveau de ces particules à l'origine de cancers, maladies respiratoires ou cardio-vasculaires, ou d'allergies.
Critiquée pour avoir tardé à prendre cette décision, la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, s'est défendue en affirmant qu'"une décision de restriction des libertés, ça se fait dans le respect de l'Etat de droit. Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation".
De son côté le président de l'association 40 millions d'automobilistes, Pierre Chasseray, voit dans cette mesure "la preuve par A+B qu'on est uniquement dans la politique" car, selon lui, les élus "ne se préoccupent absolument pas, ni des causes réelles des pics de pollution, ni des conséquences économiques".
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