Peu d'élections régionales auront été aussi suivies en Espagne et à l'étranger. Ce dimanche, les Andalous seront les premiers à dire si le parti antilibéral Podemos, allié du Grec Syriza, est en mesure de transformer l'essai, lors du coup d'envoi d'une année électorale décisive pour ce pays.
L'Andalousie, 8,4 millions d'habitants, connue pour ses plages bondées, ses villages blanchis à la chaux écrasés de chaleur, sa ferveur religieuse et la joie de ses habitants, votait dimanche pour renouveler son Parlement. Des régionales anticipées, fruit d'une crise entre le Parti socialiste (PSOE) et les écolo-communistes d'Izquierda Unida.
Près de 6,5 millions d'électeurs sont appelés à choisir entre les options classiques, le PSOE ou le Parti populaire (droite), et les nouvelles: Podemos, classé très à gauche, et Ciudadanos, de centre droit, qui bousculent l'échiquier en dénonçant l'austérité ou la corruption touchant les élites.
"C'est un test important pour évaluer les différentes options qui n'existaient pas jusqu'à maintenant", assurait Ismael Abiles, un fonctionnaire de 57 ans venu voter à Séville dans le même bureau que la patronne des socialistes andalous, Susana Diaz.
"Ici les politiques corrompus sont tous en liberté", s'indignait Francisco Carmona, employé d'une entreprise de sécurité de 39 ans, venu voter dans le même quartier populaire de Séville et laissant entendre qu'il n'aimait pas l'establishment.
Un "test" pour savoir si le bipartisme peut encore tenir et quelles alliances seront nouées si ce n'est pas le cas et un avant-goût d'autres scrutins à venir en Espagne: régionales et municipales en mai, une nouvelle régionale anticipée en Catalogne en septembre et enfin des législatives, à la fin de l'année, où les conservateurs sont menacés de perdre leur majorité.
Les premiers chiffres laissaient espérer vers 14h00 GMT une participation "bien supérieure à celle des dernières élections", selon les autorités régionales.
Le vote se déroulera jusqu'à 20h00 (19H00 GMT) et des premiers résultats devraient être publiés au plus tôt vers 22h00 (21h00 GMT).
- L'année du 'changement' -
Après six années de crise et d'enlisement, un même mot, le "changement", a d'ailleurs rythmé les campagnes des principaux partis. "Le changement sûr", pour le PSOE qui invite les électeurs à ne pas se lancer dans des "expérimentations"; le "changement tranquille" avec le PP qui insiste sur la reprise de la croissance (+1,4%), ou encore le "changement irréversible" de Podemos.
"Tout le monde attend de voir si les forces émergentes vont obtenir un très bon résultat", déclarait samedi à l'AFP un membre haut placé du PP.
L'enjeu symbolique est de taille. Vendredi, le chef du gouvernement Mariano Rajoy (PP), comme le chef du PSOE Pedro Sanchez, Pablo Iglesias de Podemos, et Albert Rivera de Ciudadanos étaient tous en Andalousie pour clore la campagne.
- Région sinistrée -
Ici, la crise a frappé plus encore qu'ailleurs, en dévastant le secteur de la construction après l'éclatement en 2008 de la bulle immobilière qui faisait pousser les complexes immobiliers tout au long de la côte et donnait du travail facile à beaucoup. L'agriculture, qui occupe environ 500.000 journaliers, n'a pas pu compenser.
Plus d'1,3 million de personnes sont sans emploi, soit 34,2%, un record européen au niveau régional. Des dizaines de milliers ont repris le chemin de l'émigration, comme dans l'Espagne pauvre des années 1960. D'autres, parmi les jeunes, traînent sans étudier ni travailler (les "ni-ni"), battant des records de décrochage scolaire et de chômage (six jeunes sur dix).
Un sombre tableau qui, selon les sondages, ne fera pas perdre sa majorité au Parti socialiste andalou mais l'obligera à s'allier. Selon une enquête publiée le 14 mars par El Pais, il obtiendrait 36,7% des voix, devant le Parti populaire (droite) au pouvoir en Espagne (25,1%) et Podemos, qui n'arrive que troisième (14,7%) alors qu'au niveau national il se hisse en deuxième ou première position.
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