Les bureaux de vote ont ouvert dimanche à 08H00 pour le premier tour des élections départementales, mais nombre des quelque 43 millions d'électeurs concernés risquent de bouder un scrutin qui s'annonce calamiteux pour le gouvernement.
L'UMP et le FN sont en concurrence pour arriver en tête de ces élections qui, pour la première fois, sont organisées en même temps sur la quasi-totalité du territoire national.
Jusqu'à présent, les conseils généraux, en charge de gérer les départements, étaient renouvelés par moitié, en principe tous les trois ans. Cette fois-ci, les conseils départementaux - leur nouveau nom - sont tous élus en même temps pour six ans, avec un mode de scrutin inédit: dans chacun des 2.054 cantons, sera élu un binôme homme-femme, alors que précédemment dans chacun des 4.035 anciens cantons, de taille plus réduite, était désigné un seul élu.
Ne sont pas concernés Paris et Lyon, où les fonctions des conseils départementaux sont exercées par d'autres organes (comme le Conseil de Paris dans la capitale), ni la plus grande partie des outre-mer, où le statut de département se fait de plus en plus rare.
Les seuls départements ultramarins appelés aux urnes sont la Réunion et Mayotte, qui, en raison du décalage horaire, votent depuis 5H00 et 6H00 du matin (heure de Paris), et la Guadeloupe, où le scrutin débutera en milieu de journée.
Pas d'affluence dans la matinée, selon les éléments recueillis par les bureaux de l'AFP. Ainsi, a Aubervilliers, commune populaire de Seine-Saint-Denis, les bureaux de vote étaient quasi déserts à l'ouverture du scrutin.
Parmi les rares électeurs à avoir fait le déplacement, Laurent Grognet, 50 ans, explique "voter tout le temps, c'est un principe, comme ça ensuite je peux râler".
A moins de cent mètres de là, Bernard assume pour sa part de "ne pas aller voter". "Parce que, quand on vote pour quelqu'un, il faut qu'il y ait un +deal+. Mais les élus ne respectent rien. Donc, tant pis pour eux".
En zone rurale, les bureaux de vote seront ouverts de 08H00 à 18H00. Jusqu'à 19H00 dans beaucoup de villes moyennes (Brest, Dijon, Chambéry, Toulon, Tours..), jusqu'à 20H00 à Bordeaux, Marseille, Nantes, Toulouse et en région parisienne.
- Le FN au coeur de la campagne -
Tout converge pour que l'abstention atteigne ou dépasse les niveaux déjà vertigineux atteints lors des dernières élections cantonales de 2011 (55,7% au premier tour) ou des élections européennes de mai dernier (57,5%).
L'incertitude ou l'ignorance sur le rôle des départements - en charge principalement de l'action sociale et de l'équipement des collèges -, que François Hollande et Manuel Valls voulaient supprimer avant de se raviser a son influence.
Ainsi, à Lille, Arlette, sexagénaire à la retraite, vote mais trouve "gênant d'élire des gens pour une collectivité territoriale dont on ne connaît pas les compétences".
A cela s'ajoutent le mécontentement de nombreux électeurs de gauche, tentés de "voter avec leurs pieds", et un rejet grandissant envers l'ensemble de la classe politique.
Un rejet dont comptent bien profiter Marine Le Pen et le Front national, qui, fort de ses 25% de voix lors des européennes, s'est retrouvé au coeur de la campagne. Manuel Valls, qui s'est dépensé sans compter pour ce scrutin, a d'ailleurs fait le choix - contesté jusque dans son propre camp - de cibler le risque de voir le parti d'extrême droite ravir une nouvelle fois la première place.
La gauche joue gros, compte tenu de la carte politique actuelle des départements: elle en administre 61 sur 101, et pourrait en perdre 20 ou 30, voire plus.
L'UMP - et son président Nicolas Sarkozy - et l'UDI, unis dans la grande majorité des cantons, alors que la pluralité des candidatures à gauche est de règle dans les trois quarts des cas, comptent profiter de cette hémorragie: la Corrèze, terre de François Hollande, le Val-de-Marne, seul département encore communiste avec l'Allier, la Seine-Saint-Denis, fief du président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone (PS), la Haute-Garonne, où règne le radical de gauche Jean-Michel Baylet, constitueraient des victoires symboliques pour la droite et le centre.
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