Le gouvernement, accusé à la veille du scrutin départemental de frilosité pour mettre en place la circulation alternée en Ile-de-France en dépit d'une pollution persistante, a finalement décidé que cette mesure rarissime serait appliquée lundi dans la capitale et sa proche banlieue.
"Je me réjouis que l'Etat ait accepté de mettre en place lundi la circulation alternée, que je demandais depuis plusieurs jours", a annoncé samedi sur Twitter Anne Hidalgo, la maire de Paris, en visite à Tunis.
Les véhicules légers (voitures, scooters et motos) aux immatriculations impaires seront autorisés à circuler les jours impairs, et les immatriculations paires les jours pairs.
La pollution aux particules sévissant depuis cinq jours en Ile-de-France, avec une nouvelle prévision de dépassement du seuil d'alerte samedi et du seuil d'information dimanche, le gouvernement n'avait plus guère le choix.
Vendredi soir, Ségolène Royal, la ministre de l'Ecologie, avait en effet été affirmative: "La circulation alternée sera mise en oeuvre lundi, sauf s'il y a une baisse manifeste de pollution samedi et dimanche".
Dans la foulée d'une réunion à la mi-journée à la préfecture de police de Paris avec des élus franciliens, l'annonce est finalement venue de Mme Hidalgo.
Cette décision intervient après deux jours de polémique avec Ségolène Royal qui avait estimé jeudi qu'il n'était "pas raisonnable (d')imposer si vite cette galère à la banlieue", s'attirant les foudres d'élus Verts dont la député de Paris Cécile Duflot.
Techniquement, la circulation alternée est prévue en Ile-de-France lorsqu'il y a deux jours de pollution constatée aux particules et une prévision de pollution pour les deux jours suivants.
L'épisode actuel a débuté en Ile-de-France mardi (dépassement du seuil d'information). Le niveau de pollution a ensuite varié: mercredi (seuil d'alerte), jeudi (légèrement en dessous du seuil d'information), vendredi (seuil d'alerte).
La pollution aux particules a touché cette semaine une moitié nord du pays, ainsi que Rhône-Alpes et une partie du Centre depuis vendredi. De nombreux départements dépassaient encore samedi le seuil d'alerte.
Dans toutes les régions touchées, les préfets ont abaissé les limitations de vitesse de 10 à 20 km/h et demandé aux industriels de réduire leurs émissions de polluants.
Dans la région parisienne, la gratuité des transports en commun a été mise en place dès samedi et se poursuivra jusqu'à au moins lundi inclus.
- Deux précédents, en 1997 et 2014 -
Samedi, Anne Hidalgo était revenue à la charge en demandant par écrit au Premier ministre Manuel Valls de rendre automatique le déclenchement de la circulation alternée en cas de forte pollution d'au moins deux jours. Jean-Paul Huchon, le président de la Région, a aussi souhaité une évolution de la réglementation.
La circulation alternée est prévue pour Paris et sa proche banlieue par le Plan de protection de l'atmosphère d'Ile-de-France. Les autres régions ne l'ont pas inscrite dans leur plan d'action.
Cette mesure, qui interdit la circulation des véhicules ayant une immatriculation paire les jours impairs et vice-versa, a été mise en oeuvre seulement deux fois: en 1997 lors d'un pic d'ozone et en mars 2014, en raison d'une pollution persistante aux particules.
Malgré les critiques, le dispositif avait été plutôt bien respecté l'an passé et Airparif avait estimé que la mesure avait permis de réduire de 6% la concentration en particules à proximité du trafic.
En dépit d'une certaine efficacité, la circulation alternée ne permet pas de cibler les véhicules les plus polluants. Elle est une réaction à une situation d'urgence mais les professionnels de santé soulignent que c'est la pollution chronique qui a le plus d'impact sur la santé publique.
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