Les cimentiers Lafarge et Holcim sont parvenus à sauver vendredi leur projet de fusion en accordant la coprésidence du futur colosse du béton au PDG français Bruno Lafont, que le groupe suisse avait tenté d'évincer.
Si Holcim a eu partiellement gain de cause sur ses exigences présentées dimanche à son partenaire français, il n'est toutefois pas parvenu à mettre complètement sur la touche Bruno Lafont. En outre, la révision des modalités financières de la fusion n'est pas aussi favorable qu'il le souhaitait.
"Je suis satisfait de l'accord qui a été trouvé parce qu'il va me permettre de contribuer à la réalisation et au succès de la fusion", a affirmé le PDG de Lafarge lors d'une conférence téléphonique, au bout de quatre jours d'intenses tractations entre les deux groupes.
Les marchés ont salué le compromis conclu par les deux cimentiers. A la Bourse de Paris, Lafarge gagnait 3,34% à 64,38 à l'ouverture. A Zurich, Holcim gagnait 1,52% à 76,95 francs suisses.
Le cimentier suisse avait remis en cause dimanche, dans une lettre, à la fois les conditions financières de la fusion et la gouvernance de la future entité, mettant en danger le projet de créer un groupe pesant 32 milliards d'euros de chiffre d'affaires et comptant près de 130.000 salariés.
Si Lafarge acceptait de revoir les termes de l'opération (qui devait au départ être une "fusion entre égaux", avec l'échange d'une action Holcim pour une action Lafarge) en raison de l'évolution divergente des deux titres sur les marchés, il écartait un changement de gouvernance qui aurait signifié la mise à l'écart de M. Lafont, l'un des architectes du projet.
Le PDG du cimentier français a toutefois renoncé à la direction générale, qui lui était promise, pour assumer la coprésidence aux côtés du président du cimentier suisse, Wolfgang Reitzle. Cette fonction est non exécutive.
La gestion personnalisée et centralisée à la française de M. Lafont contrariait visiblement le groupe helvétique, habitué à un autre genre de direction.
"Mon attitude depuis dimanche c'est de montrer que les hommes ne doivent pas bloquer la réalisation de cette fusion", a expliqué M. Lafont, à qui reviendra le droit de nommer le futur directeur général, proposition qu'il soumettra à ses partenaires suisses.
- 'Caractère équilibré de la gouvernance' -
"La proposition du nom du directeur général sera faite par Lafarge", a assuré M. Lafont en conférence téléphonique, sans préciser s'il sera issu de Lafarge ou d'Holcim ou s'il sera recruté à l'extérieur. Selon le communiqué, sa nomination interviendra ultérieurement, "au plus tard au dépôt de l'offre publique aux actionnaires de Lafarge".
La fusion doit être acceptée par les deux tiers des actionnaires des deux groupes lors d'assemblées générales extraordinaires. Le siège de la nouvelle société sera basé en Suisse, mais le centre de recherche et développement est maintenu en France, dans la région lyonnaise.
Le compromis obtenu par les deux groupes prévoit également d'ajuster l'accord initial pour un échange qui se fera désormais sur la base de 9 actions Holcim pour 10 actions Lafarge, soit un taux plus favorable pour les actionnaires de Lafarge que celui de 0,875 action par titre que le groupe suisse était disposé à verser dimanche.
M. Lafont, qui a précisé que l'accord avait été accepté à l'unanimité par son conseil d'administration, a souligné le "caractère équilibré de la gouvernance avec une parité au sein du conseil d'administration et au niveau du comité exécutif. C'est l'esprit d'une fusion entre égaux qui a été conforté", a-t-il assuré.
Après cette semaine de remise en cause de la fusion, le projet prend toutefois un peu de retard. Les deux groupes tablent désormais sur une fusion en juillet, au lieu de la fin du premier semestre.
Lafarge et Holcim ont également convenu que "le nouveau groupe annoncera(it) après la finalisation de l?opération un dividende payable en actions, de 1 nouvelle action LafargeHolcim pour 20 actions détenues".
Selon le projet de fusion initial, la partie rompant l'accord devrait verser un total de 500 millions d'euros, soit 350 millions de dédommagement à l'autre partie et 150 millions au groupe irlandais CRH, qui s'est engagé à reprendre pour 6,5 milliards d'euros les sites cédés par les deux groupes en Europe afin d'obtenir le feu vert des autorités de la concurrence.
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