Les ambassadeurs en poste à Paris réunis autour d'un menu concocté par de grands chefs servi au château de Versailles: la France avait mis les petits plats dans les grands jeudi soir pour un dîner en point d'orgue d'une opération planétaire destinée à promouvoir sa gastronomie.
De Hong Kong à Rio de Janeiro en passant par Istanbul, plus de 1.300 chefs, à 85% étrangers, ont concocté un dîner "à la française" dans 150 pays.
Inspirée par les Dîners d'Epicure lancés par Auguste Escoffier en 1912, cette offensive "Goût de/Good France" a mobilisé en plus des ambassades et consulats de France, des bistrots, restaurants d'hôtel et établissements de haute gastronomie partout dans le monde, autour d'un menu à la trame pré-établie.
"En ce moment même, le monde entier a le plaisir de déguster la gastronomie française", s'est félicité le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius devant quelque 650 convives réunis à Versailles dans la Galerie des batailles célébrant l'épopée militaire de la France en 33 tableaux.
"La gastronomie fait partie de l'identité de la France, au même titre que le château de Versailles", a souligné le chef de la diplomatie, également en charge de la promotion du tourisme.
"La restauration, la gastronomie et plus largement le tourisme, pour la France c'est une source d'emplois considérable", a-t-il souligné. "Nous avons la chance d'être le pays à accueillir le plus grand nombre de touristes dans le monde. Lorsqu'on leur demande pourquoi ils viennent en France, c'est d'abord la gastronomie et l??nologie qu'ils choisissent".
Après des apéritifs toasts de foie gras et des gougères préparés par Marc Haeberlin et la chef japonaise Fumiko Kono, les convives ont dégusté une symphonie de tartare de saumon de Joël Robuchon, absent en raison d'un problème aux yeux.
- Plus de 100.000 convives dans les restaurants -
Alain Ducasse, initiateur de l'opération organisée avec le ministère des Affaires étrangères, proposait un "quinoa d'Anjou et des légumes racines", tandis que Gérald Passédat avait préparé un bar et Alain Dutournier un agneau de lait.
Au total 100.000 convives dans le monde ont dégusté un menu à la française jeudi, s'est réjoui l'ambassadeur Philippe Faure, chargé de l'organisation de cette opération.
"Il y avait une forme de +french bashing+ depuis quelques années venant de la presse anglo-saxonne, nous leur disons on est quand même capables de réunir tous ces gens intéressés par la gastronomie française de par le monde, je ne vois pas qui est capable d'en faire autant!", a-t-il dit, précisant que l'opération "ne coûtait rien au budget de l'Etat" et qu'à Versailles, le repas était pris en charge par les sponsors.
"On a offert 18 kg de truffe, 50 kg de bar, 5 kg de caviar Sans de bons produits, il n'y a pas de bonne gastronomie!", a commenté Stéphane Layani, le président du marché de Rungis, qui était le fournisseur exclusif du repas.
Si la presse anglo-saxonne a souvent été critique avec la gastronomie française, l'ambassadeur de Grande-Bretagne Peter Ricketts trouvait l'idée d'un tel dîner "excellente" tout en soulignant qu'il n'imaginait pas une telle initiative dans son pays.
"La gastronomie n'est pas autant au centre de notre vie culturelle qu'en France. L'idée de la gastronomie comme instrument du rayonnement du pays, c'est plutôt français que britannique", commentait-il.
Dans les établissements participant à Goût de France, les menus allaient de 30 à 380 euros.
Parmi eux, Akrame Benallal, chef français à la tête de deux restaurants de haute gastronomie, l'un à Paris (deux étoiles Michelin), l'autre à Hong Kong (une étoile), a proposé des menus légèrement différents, pour prendre en compte les goûts locaux, en matière d'assaisonnement notamment.
A Istanbul, les produits locaux turcs (caviar d'aubergine ou turbot du Bosphore) côtoyaient les spécialités françaises d'hier ("poule au pot Henri IV") et d'aujourd'hui dans le menu proposé par le chef étoilé Olivier Pistre, au consulat de France.
Servi dans le cadre prestigieux du Palais de France, le dîner s'inspirait de ceux servis en 1867 au sultan ottoman Abdulaziz lors de son séjour à Paris à l'occasion de l'Exposition universelle et à l'impératrice Eugénie pendant sa visite à Constantinople deux ans plus tard.
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