Le président palestinien Mahmoud Abbas a jugé impossible jeudi la création d'un Etat palestinien avec le gouvernement israélien qui se profile après le triomphe de Benjamin Netanyahu aux législatives.
La direction palestinienne va poursuivre son offensive diplomatique et judiciaire contre Israël dans les organisations internationales et à la Cour pénale internationale (CPI), a-t-il dit.
La surenchère électorale à laquelle s'est livré M. Netanyahu d'un côté, l'intransigeance annoncée de la direction palestinienne de l'autre augurent de relations probablement encore plus dégradées, après des mois de tensions déjà vives.
M. Netanyahu, au pouvoir depuis 2009, n'a même pas encore été officiellement chargé par le président israélien Reuven Rivlin de former son troisième gouvernement consécutif qu'il est déjà confronté aux conséquences de son escalade dans les tout derniers jours de sa campagne, quand il a publiquement enterré l'idée d'un Etat palestinien s'il conservait son poste.
Les propos de M. Netanyahu contre la solution à deux Etats et les appels de son ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman à tuer les Arabes d'Israël "prouvent, si elles sont vraies, que le gouvernement israélien ne veut pas sérieusement d'une solution politique menant à l'instauration de deux Etats sur la base des résolutions internationales", a dit le président palestinien dans sa première réaction aux élections israéliennes.
- 'La réalité a changé' -
Les Palestiniens persistent dans leurs projets, a-t-il dit: déposer le 1er avril à la CPI leurs premières accusations de "crimes de guerre" contre des dirigeants israéliens. Ils n'ont pas renoncé non plus à obtenir une résolution de l'ONU fixant un terme à l'occupation israélienne.
Les Palestiniens disent ne plus en pouvoir de décennies de vaines négociations avec les Israéliens, souvent sous les auspices des Américains. Ils ont choisi d'internationaliser leur cause. Avec la poursuite de l'occupation, de la colonisation et des violences qui ont conduit une nouvelle fois à la guerre dans la bande de Gaza en 2014, les initiatives palestiniennes ont encore crispé les rapports au cours des derniers mois.
La création d'un Etat palestinien indépendant coexistant en paix avec Israël est le maître plan de la communauté internationale pour résoudre le conflit israélo-palestinien.
M. Netanyahu en a endossé publiquement le principe pour la première fois en juin 2009. En fait, beaucoup croient qu'il n'en a jamais accepté l'idée. Il l'a répudiée lundi, veille des élections, alors que les sondages lui étaient défavorables. "La réalité a changé" depuis 2009, a-t-il dit.
Le sévère coup de barre à droite de M. Netanyahu passe pour avoir fortement contribué à son éclatante victoire électorale.
Les Occidentaux, frustrés depuis des mois par la politique de M. Netanyahu, ont salué son succès du bout des lèvres.
- 'Menace' des Etats-Unis -
Les propos de M. Netanyahu sur l'Etat palestinien vont pousser l'administration à "réévaluer (sa) position", a dit la Maison Blanche. Selon le New York Times, citant des responsables américains, l'administration Obama pourrait permettre au Conseil de sécurité de l'ONU, organe où Israël peut historiquement compter sur un indéfectible soutien américain, d'adopter une résolution sur une solution à deux Etats le long des frontières d'avant 1967.
L'Union européenne et la France se sont mêlées diplomatiquement aux pressions.
Après l'activité frénétique des derniers jours, M. Netanyahu est resté loin des regards, soupesant apparemment à huis clos ses options pour former une coalition de gouvernement, sans doute de droite, et gardant le silence sur les pressions internationales.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.