La banque centrale américaine (Fed) a fait mercredi un pas supplémentaire vers un début de normalisation de sa politique monétaire en abandonnant son engagement à se montrer "patiente" avant de relever ses taux directeurs.
A l'issue de deux jours de réunion à Washington, le Comité monétaire de la Réserve fédérale (FOMC) a certes une nouvelle fois confirmé le maintien de ses taux directeurs proches de zéro, leur niveau depuis fin 2008, afin de continuer à soutenir la reprise.
Mais la Fed a toutefois innové dans la sémantique afin d'envoyer un signal à des marchés suspendus à sa décision. Son communiqué final ne fait plus référence à une quelconque "patience" qu'elle avait invoquée au cours de ses deux dernières réunions pour justifier un statu quo monétaire.
Dans son communiqué, le FOMC précise désormais qu'une hausse lors de sa prochaine réunion en avril "restait improbable", laissant toutefois ouvert le débat sur son calendrier exact.
Fin février, la présidente de l'institution, Janet Yellen avait prévenu qu'un changement du message d'orientation monétaire ne signifierait pas "nécessairement" que les taux seraient relevés au cours des prochaines réunions de la Fed.
La Banque centrale américaine veut encore se laisser une certaine marge de manoeuvre dans l'hypothèse où l'économie américaine montrerait de subits accès de faiblesse ou si ses objectifs de plein emploi et d'inflation annuelle à 2% étaient hors de portée.
Dans son communiqué, adopté à l'unanimité, la Fed indique ainsi qu'il ne sera "approprié" de relever les taux que quand elle verra de "nouvelles améliorations" sur le front de l'emploi et quand elle sera "raisonnablement confiante" dans le fait que l'inflation revienne vers son objectif de 2% annuel.
Experts et exégètes de la Réserve fédérale américaine devraient donc continuer à spéculer sur la date de la première hausse des taux (en juin voire septembre) qui annoncera le début de la fin de l'ère de "l'argent pas cher" et pourrait provoquer une nouvelle appréciation du dollar par rapport à l'euro.
- Inflation en baisse -
A l'appui de ce statu quo, la Fed pointe quelques points de faiblesse de l'économie américaine. Si elle note que les conditions du marché de l'emploi continuent à s'améliorer, la banque centrale relève que la croissance économique dans le pays s'est "quelque peu" modérée.
Au quatrième trimestre 2014, la progression du produit intérieur brut américain a ralenti pour s'établir à 2,2% en rythme annualisé.
De récents indidicateurs, notamment dans l'immobilier, semblent par ailleurs suggérer que l'hiver rigoureux a une nouvelle fois grippé l'activité dans une partie du pays.
Dans son communiqué, le FOMC relève également que l'inflation a "encore décliné", plombée par le déclin de cours mondiaux du pétrole, s'éloignant encore davantage de l'objectif à long terme de la Fed.
En janvier, les prix à la consommation aux Etats-Unis n'ont ainsi progressé que de 0,2% sur un an.
Reflétant son regain de prudence, la Fed a abaissé mercredi ses prévisions de croissance comme d'inflation aux Etats-Unis tout en se montrant plus optimiste sur le front de l'emploi.
Le produit intérieur brut du pays (PIB) ne devrait plus progresser que de 2,3% à 2,7% sur un an au dernier trimestre 2015, marquant une dégradation par rapport aux 2,6% à 3,0% prévus en décembre, selon les nouvelles projections trimestrielles du FOMC.
Autre motif d'inquiétude, les prix à la consommation ne devraient plus progresser que de 0,6 à 0,8% cette année, contre une fourchette de 1,0 à 1,6% attendue jusqu'à présent.
En 2015, le taux de chômage devrait évoluer entre 5,0 et 5,2% alors qu'une fourchette allant de 5,2% à 5,3% était jusque-là prévue, selon ces nouvelles projections.
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