De violents heurts, qui ont fait une trentaine de blessés, ont marqué l'inauguration mercredi du nouveau siège de la BCE à Francfort, où 15 à 20.000 opposants à l'austérité défilaient ensuite calmement dans la soirée.
Le collectif Blockupy, qui avait appelé a manifester, a évoqué en fin de journée 20.000 participants à une grande manifestation en centre-ville, une porte-parole de la police parlant de 15.000 personnes.
La police a annoncé avoir procédé à 19 arrestations dans la journée, et déplorait 14 blessés dans ses rangs, cible de jets de pierres. Blockupy avait fait état dans l'après-midi de 21 blessés à coups de matraque.
Les gaz lacrymogènes et autre spray au poivre de la police ont causé des irritations a une centaine de manifestants et à près de 80 policiers.
Les heurts ont été particulièrement violents tôt le matin, quand des centaines de manifestants ont tenté de se rapprocher des deux tours de la BCE, un bâtiment d'1,3 milliard d'euros où l'institution est installée depuis l'automne.
Des voitures de police ont été incendiées, des jets de pierres et de pavés ont visé des bâtiments administratifs et certaines banques. Un commissariat a été attaqué par des militants anarchistes du Black Block, selon une vidéo mise en ligne par la police.
La tension est ensuite retombée aux abords de la BCE, mais les vitres de nombreux abribus et de trams étaient brisées, des pavés jonchaient le sol.
- Bariolé -
Puis l'action s'est déplacée vers le centre-ville, où a d'abord eu lieu, dans une atmosphère de kermesse ensoleillée, un grand rassemblement ponctué de discours, dont celui d'un représentant du parti de gauche radicale Syriza, récemment porté au pouvoir à Athènes.
Les manifestants brandissaient des pancartes critiquant la Troïka, les trois institutions, dont la BCE, chargées de contrôler les avancées des réformes des pays européens en crise. "La Troïka aide les banques au lieu des gens" pouvait-on lire, ou encore "BCE arrête tes diktats".
La foule s'est ensuite mise en branle pour défiler à travers le centre-ville, dans le calme. Le cortège bariolé, qui avançait aux chants de "Kommunismus, Kommunismus, allez" ("Allez, communisme, communisme") et "Ah, anti, anticapitalista", était sous étroit encadrement policier. "Que la police dégage et nous laisse manifester!", criaient certains, "nous ne voulons pas d'escalade".
"Nous ne voulons pas que l'après-midi ressemble au matin", avait assuré auparavant Ulrich Wilken, un porte-parole de Blockupy.
Le tour violent pris par les événements en début de journée a suscité des réactions indignées dans toute l'Allemagne. Le ministre de l'Intérieur conservateur Thomas de Maizière a dénoncé une "explosion de violence". Les débordements devaient faire l'objet d'un débat au Bundestag jeudi après-midi.
Blockupy, collectif regroupant des partis de gauche, des syndicats et des ONG comme Attac, né en 2012 à Francfort dans la lignée du mouvement Occupy, a jugé que la forte présence policière --une des plus fortes mobilisations jamais vues à Francfort avec près de 10.000 agents-- avait contribué aux dérapages.
- Reproches "injustes" -
De nombreux manifestants avaient fait le voyage du reste de l'Allemagne et d'autres pays d'Europe. Ainsi Eleonora Forenza, députée européenne communiste italienne, venue de Bari au sein d'une importante délégation. La BCE "est responsable du chômage élevé" qui gangrène l'Italie, a-t-elle déclaré à l'AFP.
Comme beaucoup, elle était aussi là pour manifester sa solidarité avec la Grèce, première victime des politiques de la BCE, selon de nombreux participants.
Pendant la cérémonie d'inauguration, qui a réuni en fin de matinée une centaine d'invités, le président de la BCE Mario Draghi a reconnu que celle-ci était devenue "le centre des critiques de la part de ceux qui sont frustrés de la situation" en Europe, mais a jugé ces reproches "injustes". L'action de l'institution "a visé précisément à adoucir les choses", a-t-il plaidé.
La cérémonie elle-même, sous haute protection policière, a été relativement courte et sobre, ce que Blockupy mettait à son propre actif. "C'est déjà un succès", a ainsi dit à l'AFP Hermann Schaus, député régional du parti de gauche radicale allemand Die Linke.
"La BCE a invité à une fête", a dit pour sa part Miguel Urban, euro-député du parti anti-austérité Podemos, mais "c'est nous qui payons ces fêtes et () ces fêtes sont notre misère". Podemos est en tête des sondages pour les prochaines législatives en Espagne.
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