Alors que la tension monte à nouveau entre Athènes et Bruxelles, le gouvernement grec de gauche radicale a fait voter mercredi, avec le soutien de l'opposition, sa première loi depuis son arrivée au pouvoir, pour aider les plus durement touchés par la crise.
Cette loi répond aux promesses électorales du gouvernement issu des législatives de fin janvier, et vise à secourir les foyers privés d'électricité ou confrontés à des problèmes de logement et de nourriture.
Le débat au parlement sur le projet de loi, "le premier du gouvernement de salut national" comme l'a souligné dans son discours le Premier ministre Alexis Tsipras, s'est achevé par une approbation massive, les deux principaux partis d'opposition, Nouvelle Démocratie (conservateurs) et PASOK (socialistes) votant pour, aux côtés de la coalition Syriza-Grecs indépendants au pouvoir.
Ce vote intervient la veille du sommet européen à Bruxelles, en marge duquel Alexis Tsipras a demandé à rencontrer le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, le président de la BCE, Mario Draghi, la chancelière allemande Angela Merkel (qu'il reverra lundi à Berlin) et le président français François Hollande. Il s'agit de trouver "une solution politique" sur la Grèce et débloquer une dernière tranche de prêts, vitale pour le pays qui est à court d'argent.
Toutefois, les partenaires de la Grèce semblent perdre patience, soulignant que peu de progrès ont été faits ces derniers jours sur les négociations entre Athènes et Bruxelles.
- Inquiétudes -
Jean-Claude Juncker a réitéré lors d'une conférence de presse mercredi à Bruxelles qu'il était "inquiet" à propos de la Grèce et qu'il "n'était pas satisfait des progrès réalisés au cours des derniers jours".
A Berlin, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a indiqué que "le temps était compté" pour la Grèce.
Mardi soir, le patron de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem a fait valoir, sur une radio néerlandaise, "qu'un pays qui a des problèmes n'a pas forcément à sortir de l'euro".
"Rappelez-vous le cas de Chypre", a-t-il lancé. En mars 2013, l'île avait dû mettre en place du jour au lendemain un sévère contrôle des capitaux pour empêcher leur fuite du pays. "Toutes sortes de scénarios sont imaginables", a ajouté M. Dijsselbloem.
Depuis la semaine dernière, des experts techniques de Bruxelles et d'Athènes essaient de trouver un terrain commun pour faire avancer les réformes qui ont été convenues lors de l'accord du 20 février passé entre la Grèce et ses créanciers, UE et FMI, sur la poursuite de l'aide au pays d'ici fin juin.
Mardi soir, le gouvernement avait soudain durci le ton contre la Commission européenne après des informations de presse affirmant que Bruxelles tiquait sur le vote du projet de loi humanitaire, jugeant qu'il s'agissait d'une action "unilatérale" en désaccord avec l'accord de l'Eurogroupe du 20 février.
Le porte-parole du gouvernement Gabriel Sakellaridis a dénoncé mercredi un "veto", une "pression".
Quelques heures plus tard, le commissaire européen Pierre Moscovici a dû expliquer la position de la Commission. Celle-ci défend "pleinement l'objectif d'aider les plus vulnérables" en Grèce et n'oppose "pas un quelconque veto" aux mesures d'urgence prise pour les plus pauvres, a-t-il assuré.
- 'Indices dans le rouge' -
Reflétant les inquiétudes sur les négociations, la Bourse d'Athènes a terminé mercredi avec une chute de 4,13% tandis que le taux de l'obligation grecque à dix ans s'est envolé à plus de 11%, signe de défiance des marchés.
La loi votée mercredi concerne la fourniture d'électricité gratuite aux plus pauvres, d'une aide au logement pour 30.000 foyers et d'une aide alimentaire pour 300.000 personnes.
Elle comprend également une aide pour les personnes qui ont perdu leur emploi ces derniers mois et sont privées de sécurité sociale.
Syriza n'a cessé ces deux dernières années de condamner la poursuite de la politique d'austérité, imposée au pays depuis le début de la crise en 2010, et qui a causé "une crise humanitaire", plongeant des centaines de milliers de Grecs dans la misère, en raison d'une explosion du chômage, du rabotage des salaires et des retraites, ainsi que de la hausse des taxes.
"Quand tous les indices sont dans le rouge, chômage, pauvreté etc. on ne fait que ce qui est nécessaire pour faire face à ces problèmes", a lancé à l'Assemblée mercredi le ministre de l'Emploi, Panos Skourletis.
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