De violents heurts entre forces de l'ordre et manifestants, qui ont fait une trentaine de blessés, ont marqué l'inauguration mercredi du nouveau siège de la Banque centrale européenne à Francfort, où s'étaient rassemblés quelque 6.000 opposants à la politique d'austérité.
La police de la capitale financière allemande a indiqué avoir procédé à 16 arrestations, et déplorait dans l'après-midi 14 blessés dans ses rangs et quelque 80 personnes victimes d'irritations des yeux aux gaz lacrymogènes et spray au poivre.
Blockupy, le collectif qui avait appelé à manifester, a fait état de 21 blessés à coups de matraque et 107 personnes irritées par les gaz.
Les heurts ont été particulièrement violents tôt le matin, quand des centaines de manifestants, cagoulés pour certains, ont tenté de se rapprocher des deux tours de la BCE, un bâtiment de 1,3 milliard d'euros où l'institution est installée depuis l'automne. Des voitures de police ont été incendiées, des jets de pierres et de pavés ont visé des bâtiments administratifs et certaines banques du centre-ville.
Un commissariat a été attaqué par des militants anarchistes du Black Block, selon une vidéo mise en ligne par la police.
Dès la milieu de journée la tension était nettement retombée aux abords de la BCE, mais les vitres de nombreux abris de bus et de tram étaient brisées, des pavés jonchaient le sol.
- Kermesse -
L'action s'était déplacée vers le centre-ville, où avait lieu dans une atmosphère de kermesse ensoleillée un grand rassemblement ponctué de discours, par exemple de l'euro-député espagnol Miguel Urban, l'un des fondateurs du mouvement anti-austérité Podemos donné favori des prochaines législatives, et un représentant du parti de gauche radicale Syriza récemment porté au pouvoir à Athènes.
Les manifestants brandissaient des pancartes critiquant la Troïka, les trois institutions -dont la BCE - chargées de contrôler les avancées des réformes des pays européens en crise. "La Troïka aide les banques au lieu des gens", pouvait-on y lire, ou encore "BCE arrête tes diktat".
La foule devait défiler à partir de 16H00 GMT dans le centre-ville. "Nous ne voulons pas que l'après-midi ressemble au matin", a assuré Ulrich Wilken, un porte-parole du mouvement Blockupy, se disant "choqué" par le tour violent pris par les événements dans la matinée. "Ce n'est pas ce que nous avions prévu", a-t-il déploré.
Blockupy a revendiqué 6.000 participants aux diverses actions, en-deçà des estimations de 10.000 qui circulaient ces derniers jours.
Le mouvement, collectif regroupant des partis de gauche, des syndicats et des ONG comme Attac, né en 2012 à Francfort dans la lignée du mouvement d'occupation Occupy, a jugé que la forte présence policière - une des plus fortes mobilisations jamais vues dans la ville avec pas loin de 10.000 agents - avait contribué aux débordements du matin.
De nombreux manifestants avaient fait le voyage du reste de l'Allemagne et environ 1.000 d'autres pays d'Europe, selon Blockupy. Ainsi Eleonora Forenza, députée européenne communiste italienne, venue de Bari dans une importante délégation italienne, pour qui la BCE "est responsable du chômage élevé" qui gangrène son pays, a-t-elle dit à l'AFP.
- 'Nous payons'-
Comme beaucoup, elle était aussi là pour manifester sa solidarité avec la Grèce, première victime, selon de nombreuses personnes présentes, des politiques de la BCE.
"L'objectif commun de tous les partis de gauche doit être le combat contre l'austérité", a déclaré à l'AFP Georgios Chondros, membre du comité excéutif de Syriza.
Miguel Urban de Podemos a jugé que dans son pays "les coupes budgétaires imposées par la BCE dans le cadre de la troïka (faisaient) tomber des milliers et des milliers de personnes dans l'exclusion sociale et la pauvreté".
"La BCE a invité à une fête", a ajouté celui dont le parti est en tête des sondages pour les prochaines élections législatives en Espagne, mais "c'est nous qui payons ces fêtes et () ces fêtes sont notre misère".
Pendant la cérémonie d'inauguration qui a réuni en fin de matinée une centaine d'invités triés sur le volet, le président de la BCE Mario Draghi a reconnu que celle-ci était devenue "le centre des critiques de la part de ceux qui sont frustrés de la situation" en Europe, mais a jugé ces reproches "injustes". Son action "a visé précisément à adoucir les choses", a-t-il plaidé.
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