Son témoignage était très attendu: Gabriel Iacono qui en 2000 avait accusé son grand-père de l'avoir violé avant de se rétracter 11 ans plus tard, est revenu sur ses "mensonges" sans pour autant éclairer les assises du Rhône sur les motivations profondes de ses dires d'enfant.
Cramponné à la barre, les manches de son sweat noir retroussées, le jeune homme de 24 ans s'est plongé mercredi matin dans un témoignage empli de contrition, la voix parfois chevrotante mais la parole jamais hésitante.
"Je me présente à vous pour innocenter mon grand-père", a-t-il déclaré, décidé à dédouaner Christian Iacono, l'ex-maire de Vence (Alpes-Maritimes) âgé de 80 ans, qui comparaît depuis lundi à son troisième procès pour viols, cette fois en révision.
"Le seul coupable ici, c'est moi", a soufflé le petit-fils. "J'ai détruit ma famille, j'ai détruit mon grand-père et tout ce qu'il y a aujourd'hui autour de moi, je l'ai détruit". "Pas facile de dire qu'on est un menteur devant une cour d'assises. Aujourd'hui c'est très dur de venir à la barre et de l'avouer".
"Enfermé" dans la spirale de ses "mensonges" d'enfant, il avait neuf ans en juin et juillet 2000 quand il a formulé ses premières accusations. Gabriel Iacono, qui véhicule dans la vie un "malaise évident" selon le président de la cour Dominique Bréjoux, n'a jamais "osé réparer ses erreurs" jusqu'à ce qu'il revienne sur ces accusations, le 3 mai 2011 dans une lettre adressée au procureur de Grasse.
Il aura fallu 11 ans et deux procès où son grand-père sera condamné à neuf ans de prison, pour qu'il fasse machine arrière et se "démasque".
L'ex-maire de Vence a passé seize mois de prison sous les verrous, en quatre séjours, avant sa libération en avril 2012. Il a obtenu en 2014 la révision de son procès.
- 'Ce mal-être qui vous bouffe' -
Selon Gabriel Iacono, avocats, policiers, experts, psychologues, entourage familial l'ont convaincu longtemps de la réalité des faits dénoncés: "personne ne m'a mis en difficulté", glisse le jeune homme sans pour autant occulter sa propre responsabilité qui, à l'évidence, le ronge.
"Qu'est-ce que c'est que ce mal-être qui vous bouffe ?", interroge le président. "C'est dû à ma vie, à mon éducation, à l'ambiance familiale () je vis en souffrant".
Quinze ans après ses premières accusations, cet agent de sécurité "en CDD" ne s'explique pas clairement les raisons de ses "bêtises": une dispute avec son grand-père qui lui "passait tout" ? Le désir "inconscient" de faire plaisir à ses parents, notamment son père qui entretient des relations exécrables avec le patriarche ? Le souhait "qu'on (le) regarde", de (se) rendre intéressant", comme il l'a dit à une magistrate ?
Ne fermant aucune porte, le président Bréjoux, méthodique mais délicat, interroge Gabriel Iacono, toujours partie civile dans le dossier, sur l'éventualité de viols ou d'agressions sexuelles par une tierce personne. Il répond par un lapidaire: "non, jamais".
Le magistrat revient sur les descriptions précises et circonstanciées données à l'époque par l'enfant. Mais le jeune homme n'en démord pas.
Le président Bréjoux évoque aussi ces déclarations faites à des policiers en mai 2011, après sa rétractation, où Gabriel Iacono n'excluait pas avoir été violé par quelqu'un: il explique aujourd'hui qu'il ne voulait pas alors qu'on lui retire son "statut de victime". En 2009, un deuxième homme jugé pour viols devant les assises avait été acquitté au bénéfice du doute.
Dans le box des accusés, Christian Iacono n'a rien souhaité ajouter à la déposition de son petit-fils. Mais alors qu'ils se croisaient lors d'une suspension d'audience, ce dernier lui a jeté un regard rougi par la douleur.
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