Le Nord de la France, la région parisienne et la capitale, noyée dans une brume de particules, étaient confrontés mercredi à un nouveau pic de pollution, au point que la mairie de Paris envisage de demander la mise en place de la circulation alternée.
"Les niveaux de pollution sont soutenus. Si nous ne dépassons pas le seuil d'alerte, nous n'en serons pas loin", soulignait-on dans la matinée à Airparif. L'association chargée de la surveillance de la qualité de l'air en Ile-de-France prévoit toutefois pour jeudi et vendredi une légère amélioration, avec "vraisemblablement un dépassement du seuil d'information".
Le seuil d'alerte est atteint quand la concentration moyenne de particules PM 10 (diamètre inférieur à 10 microns) dépasse 80 microgrammes par mètre cube. Ce qui est déjà arrivé à Paris deux fois depuis le début de l'année, le 1er janvier et le 12 février. Le "seuil d'information" se situe à 50 microgrammes par m3.
Mercredi, de nombreux monuments de la capitale, comme la Tour Eiffel, avaient disparu derrière une sorte de halo brumeux.
Nord-Pas-de-Calais et Picardie connaissaient le même épisode de pollution, avec un dépassement prévu du seuil d'information, voire même du seuil d'alerte dans la journée pour ces deux régions. En Champagne-Ardenne la procédure d'information a été déclenchée dans les départements de la Marne, de la Haute-Marne et de l'Aube.
Mardi, la concentration de PM10 avait déjà atteint jusqu'à 76 microgrammes/m3 sur Paris, selon Airparif. "Des niveaux vraiment soutenus", selon Airparif, qui justifient certaines mesures de précaution.
- Particules très nocives -
Il est ainsi recommandé, notamment aux personnes vulnérables (jeunes enfants, personnes âgées, malades), d'éviter les activités physiques en plein air ou en intérieur, les particules affectant particulièrement les systèmes respiratoire et cardiovasculaire.
Depuis mercredi matin, la vitesse maximale autorisée est réduite de 20 km/h en Ile-de-France sur les autoroutes, routes et voies rapides, selon la préfecture de police.
Si les prévisions d'Airparif faisait à nouveau état d'un dépassement du seuil d'alerte, la mairie de Paris pourrait demander au gouvernement de mettre en place la circulation alternée jeudi, a indiqué l'adjoint aux Transports Christophe Nadjovski.
La Ville pourrait en outre requérir pour jeudi la gratuité des transports en commun et le contournement de l'agglomération par les poids lourds.
La circulation alternée avait été mise en place le 17 mars 2014, après plusieurs jours de pollution importante. Une première expérience avait eu lieu en 1997, mais n'avait pas été renouvelée entretemps. En janvier, la mairie de Paris a annoncé son intention de limiter progressivement à compter de juillet l'accès des véhicules les plus polluants à la capitale.
Ce pic printanier, qui affecte le nord de la France mais aussi une partie du nord de l'Europe, est particulièrement lié au trafic routier, ainsi qu'au chauffage et à l'épandage agricole, explique Airparif. La réaction chimique des oxydes d'azote et ammoniaques entre eux vient ainsi renforcer la quantité de particules présentes dans l'atmosphère.
Pénétrant facilement dans le corps, les particules en suspension dans l'air, notamment les PM 10 et les PM 2,5 (diamètre inférieur à 2,5 microns), sont considérées par l'OMS comme très nocives pour la santé, à l'origine de cancers, de maladies respiratoires ou cardio-vasculaires et d'allergies.
Une étude récente de l'institut de veille sanitaire (InVS) dans 17 villes, a montré que l'exposition, même à des concentrations conformes à la réglementation européenne, augmentait le risque de mortalité à court terme.
En France, la pollution atmosphérique, et notamment les particules, fait chaque année 42.000 morts prématurées, estime l'OMS, qui a notamment classé le diesel comme cancérogène certain, et les émissions des moteurs essence comme cancérogènes probables.
En raison de dépassements récurrents des valeurs limites de particules, l'Hexagone est poursuivi depuis 2014 par la Commission européenne, qui lui reproche également l'absence de plans d'action dans onze zones couvrant notamment onze agglomérations de plus de 100.000 habitants
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