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Rennes (AFP). Drame de Clichy: le tribunal retrace l'accident et les heures qui ont suivi

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Rennes (AFP). Drame de Clichy: le tribunal retrace l'accident et les heures qui ont suivi
Un croquis d'audience représente les officiers de police Sébastien Gaillemin et Stéphanie Klein à l'audience de leur procès, le 16 mars 2015 à Rennes - AFP
Le tribunal correctionnel de Rennes s'est penché mardi sur les circonstances et les suites de l'accident qui a coûté la vie, en 2005, à Zyed et Bouna dans un site EDF de Clichy-sous-Bois, au deuxième jour du procès de deux policiers poursuivis pour non-assistance à personne en danger. Le tribunal a d'abord présenté la disposition des lieux du drame. Sur un plan aérien, le parcours supposé des jeunes a été reconstitué, de Livry-Gargan jusqu'à leur passage à travers un bois puis un cimetière, d'où ils auraient pénétré dans le site EDF d'un hectare de Clichy-sous-Bois. Un espace protégé par un mur de trois mètres surplombé de fils barbelés, sauf à certains endroits. Parvenus dans le site, ils l'ont traversé et se sont cachés dans un petit abri sans toit, protégé par des murs en béton de plus de quatre mètres, en escaladant la porte en façade de 2,5 mètres. L'abri protège une réactance, un dispositif électrique très dangereux. Sur les murs de l'abri, un tag: "STOP ne risque pas ta vie". L'accident se produit à 18H11, provoquant une coupure d'électricité. Bouna Traoré, 15 ans, et Zyed Benna, 17 ans, vont être mortellement électrocutés. Leur camarade Muhittin Altun, grièvement blessé, va s'évanouir. Puis, "j'ai repris connaissance", explique-t-il. "Je n'avais plus de voix, j'ai voulu demander de l'aide mais je n'y arrivais pas", continue le jeune Turc dont les propos sont traduits par une interprète quand il éprouve des difficultés à trouver ses mots. Malgré ses blessures, il réussit à sortir de l'abri de la réactance, puis du site EDF en sautant par-dessus les barbelés, et va rejoindre le cimetière, puis la rue. Là, "j'essaye de trouver quelqu'un pour m'aider. Je n'arrivais plus à marcher, il n'y avait personne, le soleil commençait à se coucher, mon jean commençait à me faire mal parce qu'il me brûlait", raconte-t-il. Finalement, il trouve quelques jeunes de la cité dont le frère aîné de Bouna qui composera le 18. Les sapeurs-pompiers sont alertés à 18H46 de la présence des deux adolescents dans le site et de l'existence d'une troisième victime, blessée. - Crainte de 'représailles' - Le gardien de la paix Sébastien Gaillemin, 41 ans, qui a participé à l'opération de police ayant auparavant mis en fuite un groupe d'adolescents soupçonnés de vols dans un chantier, à Livry-Gargan, était rentré à son commissariat à 17H45. Il repart à 18H30 pour une autre mission et croise les pompiers qui arrivent sur le site EDF après l'appel des jeunes de la cité. Informé de ce qui les amène, il explique qu'il va faire "un rapprochement assez rapide" avec la course poursuite, affirme-t-il à la barre. "Ça correspond à l'affaire de tout à l'heure", lâche-t-il à la radio en informant ses supérieurs. "Tout à l'heure, il y a eu une poursuite pédestre à proximité", explique-t-il dans ces messages radio, diffusés à l'audience, "il y a de fortes chances que les deux affaires aient un lien". Dans les messages suivants, la tension est de plus en plus palpable. Le rapprochement a rapidement été fait par les jeunes de la cité entre la course-poursuite et l'accident mortel dans le site EDF, et de premiers rassemblements de protestation se forment. Des renforts de police sont appelés par crainte de "représailles", selon les messages radio. Les premières émeutes interviennent dans la cité cette nuit-là avant que toutes les banlieues ne s'embrasent les unes après les autres en France pendant les trois semaines suivantes. Le gouvernement avait dû décréter l'état d'urgence. Mercredi, le tribunal doit aborder le détail de l'intervention des forces de police, avant l'accident. Sébastien Gaillemin et Stéphanie Klein, 38 ans, qui était à la salle radio, comparaissent jusqu'à vendredi pour non-assistance à personne en danger. Ils encourent au maximum cinq ans de prison et 75.000 euros d?amende. Le procès, dépaysé à Rennes, intervient après dix ans de procédures judiciaires.

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