Zones d'activités bloquées, opérations escargot et barrages filtrants: des routiers ont relancé lundi le mouvement de protestation sur les salaires interrompu en février, sans obtenir dans l'immédiat une reprise des discussions avec le patronat.
"C'est quand même lamentable de constater que nos employeurs n'arrivent pas à comprendre que les chauffeurs routiers ne veulent pas finir leur carrière en étant toujours au Smic", a déclaré Bruno Petit, de la CFDT, présent sur un barrage filtrant installé au sud de Rouen.
L'intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFTC, CFE-CGC), à l'origine de la "grève à durée indéterminée" lancée dimanche en soirée, vise avant tout des lieux stratégiques pour les groupes de transport, dont les patrons refusent de reprendre les négociations salariales annuelles depuis le 9 février.
Les discussions avaient alors pris fin sur un profond désaccord, les 2% maximum d'augmentation salariale proposés par la partie patronale étant trop éloignés des revendications des syndicats (5% pour tous).
La semaine dernière, ces derniers ont revu leurs prétentions à la baisse, renonçant au plafond minimum de 10 euros bruts de l'heure réclamé pour les plus bas coefficients du transport routier (actuellement à 9,43 euros).
Ils acceptent désormais 9,82 euros, un montant qui reste bien supérieur à celui consenti par le patronat. La puissante Fédération Nationale des Transports Routiers (FNTR) propose ainsi 9,62 euros, soit un centime de plus que le Smic.
"Ces contre-propositions ne sont pas sérieuses puisque, au lieu de 5%, ils réclament une augmentation entre 4 et 4,5", a justifié lundi son délégué général, Nicolas Paulissen, sur Radio Classique.
La mobilisation des syndicats, qui "peinent à mobiliser" malgré quelques "actions sporadiques", ne ramènera pas le patronat à la table des négociations, fait savoir le dirigeant. Pour l'instant, seule l'organisation patronale des PME (OTRE) s'est dite ouverte à la reprise du dialogue.
En attendant, les syndicats ont entamé lundi sur le terrain un nouveau bras de fer, avec des actions lancées notamment à Bordeaux, Clermont-Ferrand, Caen ou près de Nantes.
- Barrage levé à Toulouse -
En tout, ce sont "27 points de blocage" qui ont été mis en place dans la matinée en province, selon Fabian Tosolini, de la CFDT Transports.
En région parisienne, des militants bloquaient "depuis 4h00 du matin la zone logistique de Châtres" (Seine-et-Marne), a-t-il précisé, assurant que "plus rien n'entre ni ne sort" de cette plateforme d'activité, où "la file de camions est en train de s'allonger d'heure en heure".
A Caen, ils sont une soixantaine à bloquer la porte de Bretagne, à la jointure des périphériques nord et sud, a affirmé Pascal Petri (CFTC). "On fait garer les camions" tandis que les voitures passent au ralenti, explique-t-il. Près de 200 camions ont ainsi été arrêtés, selon une source policière.
Dans la région de Lille, la circulation a été fortement perturbée au petit matin, avec au maximum 33 kilomètres de bouchons sur l'A1 et l'A21, selon le Centre régional de circulation routière.
A Toulouse, c'est un des échangeurs situé au nord de la ville sur l'A62, qui a été ciblé quelques heures. Environ 500 camions ont ainsi été contraints à l'arrêt, selon M. Tosolini.
Mais "nous venons de lever le barrage parce que la tension montait avec les automobilistes", a indiqué à la mi-journée Stéphan Pouget, secrétaire Midi-Pyrénées CFDT Route. "Nous prévoyons une reprise du blocage dans les prochains jours", a-t-il toutefois ajouté.
Les grilles salariales dans le transport routier de marchandises (près de 330.000 salariés fin 2013) sont bloquées depuis 2012. Depuis, la totalité des minima conventionnels à l'embauche est passée, à l'exception d'un seul, sous le salaire minimum.
Commencé en décembre, le conflit sur les salaires s'est intensifié en janvier autour de négociations à rebondissements. Les syndicats avaient alors organisé de nombreux blocages, ce qui leur vaut d'être assignés à comparaître par le Groupe Charles André, un des transporteurs visés.
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