La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé lundi qu'elle soutiendrait les amendements interdisant le recours aux mannequins dénutris et l'apologie de l'anorexie qu'un député devait déposer lundi dans le cadre du projet de loi santé.
"Oui je vais soutenir" cette initiative, a indiqué la ministre interrogée sur BFMTV, ajoutant toutefois qu'elle n'avait pas encore "examiné" ou "expertisé" ces textes.
"Je trouve que quand on est mannequin, on doit s'alimenter et prendre soin de sa santé. C'est un message important en direction des jeunes femmes, des jeunes filles qui voient en ces mannequins des modèles esthétiques", a déclaré Mme Touraine.
Le premier de ces deux amendements, déposés par le député PS de l'Isère Olivier Véran, vise à interdire aux agences de mannequinat le recours à des mannequins lorsqu'ils sont diagnostiqués en état de dénutrition.
Olivier Véran, rapporteur du volet promotion et prévention de la loi Santé et également neurologue au CHU de Grenoble, propose de modifier le code du travail afin de contraindre les agences à produire pour chaque mannequin un certificat médical prouvant que son IMC est supérieur à une valeur donnée.
Tout contrevenant s'exposerait à une peine de six mois d?emprisonnement et à 75.000 euros d'amende.
Le deuxième amendement créerait notamment un "délit de valorisation de maigreur excessive" et viserait à interdire les sites internet qui font "l'apologie de l'anorexie".
M. Véran estime qu'en France, "entre 30 et 40.000 personnes" souffrent d'anorexie mentale. "Ce sont des adolescents dans 90% des cas. L'impact social de cette image que véhicule la mode, où des femmes doivent être maigres à un niveau pathologique pour être belles et défiler, est très fort", selon ce député.
"C'est évident que c'est un fléau, tous les amendements qui aideraient à faire en sorte qu'on ne fasse pas la promotion de l'anorexie, c'est toujours bien", a réagi Gérald Marie, ancien directeur Europe de l'agence Elite aujourd'hui à la tête de l'agence parisienne Oui Management, interrogé par l'AFP.
"Mais il faut éviter de mélanger les choses. Il y a l'anorexie et il y a des filles qui sont fines, très fines, par tempérament et vous pouvez les faire manger toute la journée elles resteront fines", a-t-il souligné.
"Il ne faudrait pas tout de même dire à des filles qui ont seize ans qui font un 36 ou un 38, tu es punie parce que tu es trop fine. Il faut arriver à bien déterminer l'anorexie, et voir que c'est un problème psychologique, psychiatrique".
Selon lui, sur les quelque 150 filles avec lesquelles travaille son agence, il y a "zéro anorexique". "Moi, je vois des filles ici de 17-18 ans, qui font 1,78 m pour 54 kg, je peux vous garantir qu'elles ne sont pas maigres, elles sont en pleine forme!"
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