Une marée jaune et verte d'1,5 million de Brésiliens, dont un million dans la seule ville de Sao Paulo, a manifesté dimanche contre la présidente de gauche Dilma Rousseff, empêtrée dans la crise économique et le scandale de corruption Petrobras.
Ces manifestations, qui ont mobilisé sans étiquette officielle l'électorat d'opposition, sont les plus importantes enregistrées au Brésil depuis la fronde sociale historique qui avait ébranlé le géant émergent d'Amérique latine en juin 2013.
A Sao Paulo, mégapole de 11 millions d'habitants et fief de l'opposition, un million de manifestants selon la police militaire ont envahi à perte de vue l'immense avenue Paulista et les rues adjacentes dans le centre-ville.
Aux cris de "Basta! Dilma Dehors", les manifestants ont entonné à de nombreuses reprises l'hymne brésilien, un grand nombre d'entre eux réclamant la destitution de la présidente, réélue de justesse fin 2014 pour un second mandat.
Des manifestations similaires se sont déroulées dans au moins 80 villes du pays. Selon les estimations ville par ville de la police militaire, les cortèges ont notamment rassemblé 45.000 personnes dans la capitale Brasilia, 100.000 à Porto Alegre, 30.000 à Belo Horizonte et 15.000 sur la plage de Copacabana à Rio de Janeiro, dans le sud-est industrialisé et le centre du pays.
Des marches de moindre ampleur ont eu lieu dans le nord et le nord-est, à Salvador de Bahia, Recife ou Belem, région traditionnellement acquises au PT de Mme Rousseff.
- Financement des campagnes -
"Le chemin commence seulement à être tracé, et nous n'allons pas nous disperser", s'est félicité dans une vidéo le leader de l'opposition, Aecio Neves (centre-droit), rival malheureux de Dilma Rousseff à la présidentielle de 2014.
S'exprimant au nom du gouvernement, le ministre de la Justice José Eduardo Cardozo a indiqué lors d'une conférence de presse télévisée que la présidente annoncerait "dans les prochains jours" une série de mesures pour renforcer le combat contre la corruption.
"Il est nécessaire de fermer la principale porte d'entrée de la corruption politique au Brésil en interdisant le financement des campagnes électorales par les entreprises, comme cela se fait dans d'autres pays", a déclaré M. Cardozo.
Le gouvernement est sévèrement affecté par les ramifications politiques du scandale de corruption généralisée qui ébranle le géant étatique pétrolier Petrobras et les principales entreprises de construction du pays.
La justice enquête sur 49 hommes politiques, en majorité membres de partis de la coalition au pouvoir, soupçonnés d'avoir touché des pots-de-vin de Petrobras tirés de commissions versées au groupe pétrolier par ses sous-traitants en échange de contrats.
- Troisième tour électoral -
Parmi les suspects figurent 22 députés, 13 sénateurs et deux gouverneurs en fonction, le président du Sénat, celui du Congrès des députés, membres du puissant parti centriste PMDB, et le trésorier du Parti des travailleurs PT.
La popularité de Dilma Rousseff a chuté de 19 points en février à seulement 23%, les nuages s'accumulant sur tous les fronts pour la présidente.
La septième puissance économique mondiale est au bord de la récession. L'inflation accélère (7,7% sur 12 mois), les déficits publics se sont creusés et le réal, la monnaie nationale, s'est déprécié de 30% en 12 mois face au dollar.
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