Les syndicats du transport routier lancent à partir de dimanche soir une grève à durée indéterminée pour pousser le patronat à revenir à la table des négociations salariales, sans avoir toutefois l'ambition de "bloquer" le pays.
Zones d'activités, centres de distribution mais aussi péages pourront être visés par l'intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFTC, CFE-CGC), les organisateurs souhaitant cibler avant tout les entreprises. Le mouvement ne conduira pas à "une France bloquée", avait assuré la semaine dernière Thierry Douine (CFTC).
Quelques actions ont été programmées en Alsace, Midi-Pyrénées et Aquitaine dès dimanche soir et d'autres, notamment en Bretagne, Ile-de-France et dans le Nord sont prévues tôt lundi matin, avec distribution de tracts ou opération escargot.
En Isère, au péage de Reventin-Vaugris sur l'A7, "5 à 6 militants" selon les gendarmes, postés à l'entrée du péage bloquent "depuis 22 Heures" le passage des camions et des poids-lourds uniquement, dans le sens Nord-sud.
Dans le Bas-Rhin, une cinquantaine de salariés du transport ont commencé à occuper dès 22 heures un entrepôt de marchandises de la zone industrielle de Duppigheim, dans une action organisée par les syndicats CGT-CFTC-CFDT et FO.
Les routiers se sont déplacés sur les lieux en voiture pour bloquer toute sortie ou entrée des camions et empêcher tout transit de marchandises, a rapporté à l'AFP, Pascal Vaudin, secrétaire général CFDT des transports du Bas-Rhin. "On est parti pour la nuit", a déclaré Pascal Vaudin. Ils ont prévu de rester sur place jusqu'à lundi 13 heures.
Les routiers alsaciens devraient mener une opération escargot de voitures lundi matin sur l'A4 au niveau du péage de Schwindratzheim au nord de Strasbourg.
A Bordeaux, "un seul site stratégique" est visé, la zone industrielle du Port de Bassens, au nord de la ville, a indiqué Marc Rosa (CGT).
Lundi matin, la circulation dans l'agglomération lilloise pourrait être perturbée par une opération escargot. A Nantes, rendez-vous a été donné aux grévistes à 04h00 au nord de la ville sur le parking d'un hypermarché.
Les syndicats espèrent reprendre le dialogue avec le patronat, rompu le 9 février. "La balle est dans le camp des patrons, s'ils veulent vraiment négocier", selon Thierry Cordier de la CFDT Transports (majoritaire).
Au cours de la semaine, l'organisation patronale des PME (OTRE) s'est dite "ouverte à la poursuite des négociations avec les organisations syndicales sur la base de propositions raisonnables", une main tendue à laquelle ne se sont pas jointes les autres fédérations patronales FNTR, TLF et Unostra.
Les syndicats avaient auparavant revu leurs prétentions à la baisse, renonçant au plafond minimum de 10 euros bruts de l'heure réclamé pour les plus bas coefficients du transport routier (actuellement à 9,43 euros).
"On a fait le job en faisant de nouvelles propositions, un peu à la baisse, pour essayer de trouver un cheminement de déblocage", estimait Thierry Douine en fin de semaine.
Les grilles salariales dans le transport routier de marchandises (près de 330.000 salariés fin 2013) sont bloquées depuis 2012. Depuis, la totalité des minima conventionnels est passée, à l'exception d'un seul, sous le salaire minimum.
Dans leurs dernières propositions, la FNTR, TLF et Unostra se disaient prêtes à accorder une revalorisation portant les plus bas coefficients à 9,62 euros, soit un centime de plus que le Smic, et le plus haut à 9,89 euros.
Les syndicats, qui jugent "insuffisantes" ces propositions, pourraient négocier un accord avec la seule OTRE, qui s'est montrée "mieux disante" selon eux lors des précédentes séances de négociations.
Le conflit autour des salaires a débuté le 18 décembre. Des militants CFDT avaient bloqué pendant quelques heures les poids lourds au péage de Saint-Arnoult-en-Yvelines, à l'ouest de Paris.
En janvier, la bataille s'est intensifiée autour de négociations à rebondissements, tenues sous la pression des syndicats qui avaient organisé de nombreux blocages, ce qui leur vaut d'être assignés à comparaître par le Groupe Charles André, un des transporteurs visés.
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