Iraniens et Américains sont depuis dimanche en Suisse pour entamer la dernière ligne droite de leurs négociations sur le programme nucléaire de Téhéran, avec l'espoir de sceller un accord international historique d'ici deux semaines.
Le secrétaire d'Etat John Kerry est arrivé dans la soirée à Lausanne, en provenance d'Egypte, et doit retrouver lundi à 08H00 (06H00 GMT) le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif, a confié un diplomate américain.
Après 12 ans de tensions internationales et 18 mois de pourparlers intenses, la République islamique et les grandes puissances du groupe 5+1 (Etats-Unis, Chine, Russie, Royaume Uni, France, et Allemagne), sous l'égide de l'Union européenne, se sont donné jusqu'au 31 mars pour conclure un règlement garantissant que l'Iran n'aura jamais la bombe atomique, en échange d'une levée des sanctions.
"Mon espoir est que dans les prochains jours cela sera possible", a déclaré M. Kerry à la télévision CBS avant d'arriver à Lausanne.
"S'il (le programme nucléaire iranien, NDLR) est pacifique, allons-y, finissons-en", a lancé le patron de la diplomatie américaine, impliqué personnellement depuis des mois dans les négociations avec M. Zarif.
Mais l'Américain a également reconnu qu'il restait des "divergences importantes" à deux semaine de l'échéance.
Après un accord provisoire conclu en novembre 2013, le 5+1 et l'Iran ont repoussé par deux fois la date butoir pour un règlement définitif. Et Washington a prévenu qu'il n'y aurait pas de nouvelle prolongation.
M. Zarif aussi a plaidé pour que "durant les prochains jours, nous (puissions) faire aboutir les solutions". Ensuite, "l'écriture d'un accord de façon très précise et détaillée doit commencer", a-t-il fait valoir dans l'avion qui l'emmenait en Suisse.
En cas d'un règlement politique d'ici au 31 mars, le 5+1 et Téhéran sont convenus de finaliser d'ici au 30 juin/1er juillet tous les détails techniques de l'accord général.
Ce document de quelques feuillets fixerait les grands chapitres pour garantir le caractère pacifique des activités nucléaires iraniennes. Il établirait aussi le principe du contrôle des infrastructures de Téhéran, la durée de l'accord et le calendrier d'une levée progressive des sanctions.
Sur ce point précis qui concerne le rythme de levée des sanctions et qui divise le 5+1 et l'Iran, M. Zarif a insisté: "Il faut que la manière dont les sanctions seront levées soit claire".
Téhéran est sous le coup de mesure punitives de l'ONU, des Etats-Unis et de l'UE qui étouffent son économie et l'ont isolé sur la scène internationale.
Le président Barack Obama a maintes fois promis qu'il ferait tout, y compris militairement, pour empêcher l'Iran de posséder la bombe. Mais depuis un an et demi, il a misé sur la voie diplomatique pour résoudre le casse-tête du nucléaire iranien, faisant d'un rapprochement avec la puissance chiite une priorité de sa politique étrangère.
- Zarif à Bruxelles lundi -
Après sa rencontre avec John Kerry, M. Zarif est attendu lundi après-midi à Bruxelles pour voir les chefs des diplomaties européenne, française, britannique et allemande. Il doit ensuite revenir à Lausanne, où les délégations du 5+1 et de l'Iran se retrouveront mardi.
La perspective d'une percée historique sur le nucléaire iranien a également déclenché une tempête à Washington entre le Congrès républicain et le gouvernement démocrate.
"Apparemment, l'administration est sur le point de conclure un très mauvais accord avec l'un des pires régimes du monde, et qui leur permettrait de garder leur infrastructure nucléaire", a dénoncé dimanche le chef des républicains du Sénat, Mitch McConnell. En cas d'échec des négociations, M. McConnell a confirmé que le Sénat tenterait d'adopter de nouvelles sanctions contre Téhéran.
L'administration Obama cherche également à dissuader les parlementaires de voter une loi qui forcerait le président à soumettre au Congrès tout accord avec l'Iran. Pendant 60 jours, le parlement américain aurait ainsi le pouvoir de voter pour bloquer son entrée en vigueur.
Devant l'hostilité du Congrès, M. Zarif n'a vu que du "brouhaha". Quant au guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, qui a le dernier mot sur les dossiers stratégiques, il avait fustigé jeudi la "fourberie" de l'Amérique.
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