Un énorme feu de forêt menaçait toujours samedi Valparaiso, en état d'urgence, les habitants de ce port chilien, classé au patrimoine mondial de l'Humanité, racontant leur panique bien que le feu n'ait détruit aucune habitation.
"L'incendie est contenu, mais pas sous contrôle", a mis en garde Ricardo Toro, directeur du Bureau national des urgences (Onemi), les autorités estimant cependant que la population est désormais hors de danger.
"La situation est calme pour l'instant, mais des conditions (météorologiques) plus difficiles" pourraient survenir, a expliqué Aaron Cavieres, directeur de la Corporation nationale des forêts (Conaf). La température était alors de 27 degrés et les vents soufflaient à seulement 30 km/h.
Si durant la nuit, 460 hectares de forêt et de pâturages ont brûlé, samedi on ne distinguait plus de flammes importantes dans les zones où travaillaient les pompiers.
"A 5 minutes près, notre appartement brûlait ! Ca a été terrible, parce que les gens ont perdu leur sang-froid. C'était le chaos, il n'y avait pas d'électricité, les rues étaient bloquées, tout était sans dessus-dessous", a raconté Juan Salmora, habitant du quartier Santa Teresita.
Dans le centre de Valparaiso, le calme était revenu, interrompu uniquement par le survol des avions et hélicoptères participant à la lutte contre l'incendie, a constaté un journaliste de l'AFP. Une petite brise faisait voler quelques braises sur la ville.
Le feu a démarré vendredi après-midi dans une décharge située en zone boisée, alors que les températures de ces derniers jours ont été particulièrement chaudes en cette fin d'été austral. Les flammes attisées par le vent se sont propagées rapidement, menaçant des localités voisines.
"L'incendie a démarré ici. On a d'abord senti la chaleur, puis la fumée, c'était impossible de rester là", dit Silvia Nolan, une habitante de Valparaiso, qui travaille dans le terminal de bus dont un hangar a brûlé.
Les pompiers "nous ont pratiquement mis dehors, ils ne nous ont pas permis de rester là et nous n'avons rien pu sauver", se lamente-t-elle.
Une femme de 67 ans est décédée d'une crise cardiaque et le port de Valparaiso, au bord de l'océan Pacifique comme la ville voisine de Vina del Mar, à une centaine de kilomètres de Santiago, restent en "état d'urgence", selon les autorités. Une quinzaine de pompiers ont été blessés, dont deux grièvement.
Pendant la nuit, quelque 7.000 habitants ont dû être évacués. La plupart d'entre eux ont déjà pu regagner leur domicile, mais une vingtaine de personnes se trouvaient encore dans des centres d'accueil, selon les chiffres officiels.
- 'Aucune maison détruite' -
Les autorités ont assuré n'avoir reçu aucun rapport de pillage ou de vol et ont lancé un appel pour demander à la population d'éviter de voyager dans la région.
Des renforts de policiers et militaires sont arrivés sur les lieux, ainsi que des avions et des hélicoptères supplémentaires venant d'autres régions.
La route principale entre la capitale et Valparaiso a été coupée en raison de la proximité des flammes, qui se sont dangereusement approchées durant la nuit des tours de haute tension et d'une centrale d'électricité.
"C'est un incendie complexe en raison du lieu", a indiqué Mauricio Bustos, directeur de l'Onemi de Valparaiso.
Toutefois "nous n'avons aucune maison détruite" par l'incendie, a confirmé le vice-ministre de l'Intérieur Mahmud Aleuy.
La région de Valparaiso avait déjà été ravagée en avril 2014 par un incendie ayant fait 15 morts et des milliers de sinistrés. Plus de 3.000 maisons avaient été détruites par le feu qui avait fait rage pendant huit jours, notamment dans les quartiers les plus pauvres sur les hauteurs de la ville.
Il reste à ce jour la plus grande catastrophe de ce genre ayant touché ce port pittoresque, classé par l'Unesco au patrimoine de l'Humanité et célèbre pour ses collines, ses ruelles escarpées et ses maisons colorées.
"Cette situation angoisse la population, qui vit encore dans le souvenir de l'incendie de l'an passé", a déclaré le maire Jorge Castro, à la presse.
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