Les avocats de l'ex-athlète sud-africain Oscar Pistorius, en prison pour avoir abattu sa petite amie en 2013, ont échoué vendredi à empêcher une procédure en appel où leur célèbre client risque un verdict plus sévère.
"Je rejette cette requête", a déclaré la juge Thokozile Masipa, à l'issue d'une audience de moins d'une heure devant un tribunal de Johannesburg, en l'absence du jeune homme de 28 ans. L'ancienne idole du sport et du paralympisme mondial est incarcéré depuis octobre à la prison centrale de Pretoria.
"Il n'y a vraiment rien de nouveau dans cette requête", a ajouté la juge, estimant que ce n'était pas à elle de décider si elle a eu raison de renvoyer le procès en appel en décembre, à la demande du parquet.
Oscar Pistorius, surnommé "Blade Runner", le coureur aux lames en raison de ses prothèses de carbone, a été condamné à cinq ans de prison en octobre pour "homicide involontaire". Il a échappé au verdict de "meurtre", passible d'une peine plus lourde.
Le parquet sud-africain, choqué par la "légèreté de la sentence" et soucieux de fixer la jurisprudence, avait obtenu en décembre de pouvoir faire appel, un coup dur pour la défense qui a tenté le tout pour le tout vendredi en contestant cette révision à venir du procès.
Vendredi, le procureur Gerrie Nel a dû une nouvelle fois lutter pied à pied avec Barry Roux, l'avocat de Pistorius, dans une joute hautement technique entre juristes chevronnés pour défendre son droit de faire appel.
"Sauf votre respect, vous n'avez pas le droit de donner votre feu vert" à la demande de la défense, a plaidé M. Nel auprès de Mme Masipa, qui préside ce retentissant procès depuis un an.
En appel, Pistorius risque un verdict plus sévère et plus conforme à ce qu'escomptait le parquet qui a toujours défendu la thèse d'un assassinat consécutif à une dispute de couple.
L'athlète, aujourd'hui âgé de 28 ans, affirme depuis le début avoir pris sa petite amie Reeva Steenkamp pour un cambrioleur alors qu'elle était aux toilettes en pleine nuit, et avoir tiré sur elle sans l'avoir identifiée.
La démarche des avocats de Pistorius a surpris les milieux judiciaires en Afrique du Sud où de nombreux procès sont renvoyés devant la cour suprême d'appel à Bloemfontein et révisés.
"Tout ça est très inhabituel", avait estimé Kelly Phelps, enseignante de droit à l'université du Cap (UCT) avant l'audience. La défense de Pistorius s'avançait "en terrain inexploré", avec "50% de chance de gagner", selon elle.
Peine perdue, le procès ira finalement bien en appel. Il s'agit d'une procédure écrite qui prend plusieurs mois. Il y a des audiences publiques, mais sans convocation de témoins, ni comparution de Pistorius à la barre.
La procédure sud-africaine interdit de contester l'autorité de la chose jugée mais le verdict peut être réécrit si les juges suprêmes trouvent que la loi a été mal interprétée. Cette procédure dite d'appel s'apparente en fait à la cassation en droit français.
Toute la question est de savoir si l'athlète, sextuple médaillé d'or, avait conscience qu'il pouvait tuer quelqu'un et aurait dû dès lors être condamné pour meurtre.
Ou si, au contraire, la juge a eu raison en septembre 2014 de décider qu'il avait seulement fait preuve de négligence.
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