Ferguson était à nouveau sous tension après des tirs contre des policiers et une nouvelle manifestation jeudi soir tandis que les polices du Missouri et du comté de St Louis ont été chargées du maintien de l'ordre dans cette petite ville du centre des Etats-Unis.
Une centaine de jeunes manifestants se sont rassemblés jeudi soir devant le poste de police de Ferguson, scandant des slogans et bloquant par moment la rue principale.
Plus tôt dans la soirée, une veillée aux chandelles de 45 minutes avait réuni une cinquantaine de personnes qui ont lancé un appel au calme, alors qu'une traque était toujours en cours pour retrouver le ou les tireurs ayant blessé deux policiers mercredi.
Jeudi, la municipalité de Ferguson avait annoncé que la police du comté de St Louis et la police des routes du Missouri prenaient, à partir de 18H00 (23H00GMT), "le commandement de la sécurité" dans la ville. Ces deux corps de police avaient déjà relevé la police municipale, accusée de brutalité, après les émeutes qui avaient suivi le 9 août dernier la mort d'un jeune Noir non armé, Michael Brown, tué par un policier blanc.
Mercredi soir, quelque 150 personnes s'étaient déjà rassemblées devant le poste de police local de cette ville qui a connu de nombreuses émeutes depuis la mort du jeune Brown.
Elles entendaient saluer la démission quelques heures plus tôt de Thomas Jackson, le chef de la police de la ville accusée une semaine auparavant, dans un rapport accablant du ministère de la Justice, de pratiques racistes quasiment routinières.
Lors de la dispersion de la manifestation, "trois ou quatre tirs" sont alors partis en direction des quelque 40 policiers encore stationnés, a raconté lors d'une conférence de presse dans la matinée Jon Belmar, chef de la police du comté de St-Louis. Deux policiers ont été touchés au visage et à l'épaule mais avaient pu jeudi quitter l'hôpital.
Le ou les auteurs des tirs étaient toujours recherchés vendredi.
En milieu de matinée jeudi, une équipe du SWAT, l'équivalent du GIGN français, avait été filmée en train de perquisitionner une maison voisine du poste de police et interpeller trois personnes, selon le journal St Louis Post-Dispatch. Une récompense de 10.000 dollars (9.500 euros) a été proposée pour toute information sur les tueurs.
Le responsable policier a insisté à de nombreuses reprises sur le fait qu'il était "très difficile" d'assurer le maintien de l'ordre tout en protégeant le droit de chacun de manifester. "J'espère que chacun comprend cela, nous marchons sur des oeufs", a-t-il dit.
- Une violence "inacceptable" -
De leur côté, les parents de Michael Brown ont condamné ces "tirs insensés", en dénonçant les actes "d'agitateurs isolés qui essayent de pervertir un mouvement pacifique et non-violent".
La "violence contre la police est inacceptable", a également réagi le président Barack Obama sur le compte Twitter de la Maison Blanche. Le "chemin de la justice est un de ceux sur lesquels nous devons marcher tous ensemble", écrit-il.
Le ministre de la Justice Eric Holder a pour sa part condamné une "attaque lâche et répugnante" en évoquant un "voyou cherchant à semer la discorde".
"Ce qui s'est passé hier soir est de l'embuscade pure", a-t-il dit devant la presse en présentant une projet pilote de son ministère.
Le projet, "Construire la confiance et la justice", entend rétablir la confiance perdue entre les "communautés" et les représentants de l'Etat, mais surtout la police et la justice, mise à mal par de récents faits divers dans tout le pays.
Six villes pilotes ont été choisies -- Birmingham (Alabama), Fort Worth (Texas), Gary (Indiana), Minneapolis (Minnesota), Pittsburgh (Pennsylvanie) et Stockton (Californie) -- pour ce projet visant à "réduire la discrimination et rétablir la confiance entre police, justice et administrés là où elle s'est perdue", a ajouté le ministre.
Ces villes "seront à la pointe de nos efforts pour s'attaquer à des questions urgentes pour les communautés du pays", a-t-il redit.
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