Il était venu jeudi en Isère pour parler économie et n'a d'ailleurs pas manqué de saluer "l'excellence" des entreprises qu'il visitait. Mais à dix jours des élections départementales, François Hollande est descendu aussi dans l'arène politique pour récuser la "peur" du FN.
"Quand la France réussit, elle n'a pas besoin d'avoir peur", a-t-il lancé au risque de prendre le contre pied, même s'il s'en est défendu, du Premier ministre Manuel Valls qui avait évoqué dimanche sa "peur" que la France ne "se fracasse contre le Front National". Le parti de Marine Le Pen pourrait réaliser selon lui un "score sans précédent" aux départementales.
Quoi qu'il en soit, le chef de l'Etat, qui s'est donné pour mission d'"arracher les électeurs" au FN, était porteur d'un double message lors de cette visite de quelques heures en Isère, un département qui pourrait basculer à droite au soir du 29 mars et où le FN est fortement implanté, particulièrement au nord.
Premier message, économique mais à portée politique: "dans un contexte économique qui est meilleur, même si ça reste difficile, même si c'est toujours fragile, il faut valoriser nos atouts, et ces atouts-là ça s'appelle investissements, embauches, exportations".
Depuis huit jours, le président a réinvesti le terrain économique, multipliant les visites auprès de la "France qui gagne", après une séquence "régalienne" depuis les attentats de Paris début janvier quand il s'était érigé en garant de l'unité nationale.
François Hollande en est cette fois persuadé: même "fragile", la reprise économique est "bien là" et le moment est venu de "stimuler" et d'"amplifier" ce frémissement dont témoignent des indicateurs "plus encourageants", qu'il s'agisse des prévisions de croissance, de l'investissement ou de la consommation.
Au passage, il s'est d'ailleurs félicité en Isère de la "bonne parité" de l'euro face au dollar, tombé mercredi à son niveau le plus faible depuis mars 2003 (1,0510 dollar pour un euro), et de son "effet favorable" sur l'activité des entreprises françaises, conjugué à la baisse des taux et à la chute des cours de l'or noir.
- Confiance -
Second message, conséquence du premier: la confiance. "C'est au moment où justement nous sommes dans cette phase de reprise qu'il faut ouvrir les yeux, ne rien nier de la réalité, des difficultés, mais avoir confiance dans ce que nous sommes".
"Et c'est en ayant confiance dans ce que nous pouvons porter ensemble que nous n'aurons plus peur", a-t-il enchaîné.
Le président venait de visiter deux pépites industrielles dans un département qui n'en manque pas: Sigma Composite, une filiale du groupe Poma, l'un des deux leaders mondiaux du transport par câble (téléphériques, télécabines, funiculaires) et l'usine Serge Ferrari, entreprise mondialement connue aussi pour ses matériaux composites souples.
Et d'opposer très clairement ces "réussites industrielles remarquables" au programme du Front national même s'il ne l'a pas nommé. "Regardez ces entreprises qui exportent: si on fermait les frontières, si on sortait de la zone euro, quel serait leur destin ?", s'est-il interrogé.
"C'est ce message-là que je suis venu porter, pas le message du repli", a-t-il insisté.
Pour François Hollande, "la France est capable de grandes choses à condition qu'elle soit consciente aussi de ses forces et de ses atouts et que l'Etat, les pouvoirs publics puissent accompagner des entreprises de cette haute qualité".
Le président a joint le geste à la parole, annonçant une "troisième levée" de fonds pour le "grand emprunt" afin de "favoriser l'investissement dans notre pays" même si son montant n'est pas encore fixé.
L'annonce était attendue. Le Commissaire général à l'investissement Louis Schweitzer avait plaidé le 9 mars en faveur d'un troisième "Programme d'investissements d'avenir" (PIA), vantant les résultats des deux précédents, dotés au total de 47 milliards d'euros.
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